« Choc des savoirs » : des mesures qui vont impacter de manière néfaste les élèves et les établissements des quartiers populaires et de l’éducation prioritaire.

vendredi 8 mars 2024
par  SUD Education 92

Les mesures du « choc des savoirs » renforcent la fracture territoriale et vont reposer de manière néfaste en premier lieur sur les élèves des quartiers populaires.
Pour ces derniers, le taux de réussite au DNB va chuter drastiquement.
Les lycées des quartiers populaires ne pourront pas absorber l’afflux de ces élèves en classe prépa-lycée.
Il faut craindre que nombre de ces élèves sortent du système scolaire.

 Les élèves des quartiers populaires qui paieront le prix fort

 Une chute drastique des résultats au DNB en éducation prioritaire


Au contraire, cette réforme va profondément impacter les collèges défavorisés pour plusieurs raisons :

  • Le poids des épreuves finales sera renforcé : actuellement leur résultat compte pour 50% des points pour le DNB. Le gouvernement compte renforcer leur poids à 60 %. Or, bien souvent, les élèves les plus en difficulté réussissent le moins les épreuves finales.
  • La fin de la prise en compte des compétences : jusqu’à présent, c’est la maîtrise des compétences du socle qui est prise en compte pour 50% des points du DNB. Avec les annonces gouvernementales, ce ne seront plus les compétences mais les notes qui seront prises en compte pour 40 % des points sous forme de contrôle continu. Les élèves qui ont les moyennes les plus faibles bien que maîtrisant les compétences même imparfaitement seront donc doublement impactés.
  • La fin des correctifs académiques : cela permettait jusqu’à présent de réduire les biais statistiques et là harmoniser les résultats. Sans ce correctif, les résultats seront sans doute moindres.

il y aura donc un effondrement des résultats au brevet surtout dans les quartiers populaires.

Ce sera ainsi toute une classe d’âge issue des catégories populaires qui sera impactée par cette réforme : autant d’élèves qui n’auront plus le DNB.

Or, selon les annonces, le DNB sera obligatoire pour pouvoir passer en 2nde : les élèves n’ayant pas le DNB devront faire une année en « classe prépa-lycée » avant de pouvoir aller en seconde.

 Les lycées des quartiers défavorisés sous l’eau


Ce seront donc les lycées des quartiers défavorisés qui devront faire face les premiers à l’afflux d’élèves dans les « classes prépa-lycée », en plus de l’ensemble de leurs difficultés et sans moyens suffisants.

Leurs moyens sont déjà insuffisants d’autant que les lycées ne font plus partie des réseaux d’éducation prioritaire (c’est une revendication de SUD éducation qu’ils y reviennent) et que l’IPS (l’indice de positionnement social, qui mesure le niveau social des élèves d’un établissement) est de moins en moins pris en compte dans les moyens alloués aux établissements dans les DHG.

Faute de financement suffisant, il n’y aura pas assez de moyens pour ouvrir ces classes là où il y aura le plus de besoins : pas assez d’enseignant·es ni de salles pour accueillir ces élèves.
Cela va amplifier la désorganisation des lycées des quartiers populaires.

Ces classes de prépa-lycée risquent d’être délaissées par les équipes éducatives, ce qui aboutirait à laisser les professeur·e·s moins expérimenté·e·s dans ces classes, créant des situations de détresse pour les élèves et les équipes éducatives.

 Un « choc des savoirs » qui renforce la fracture territoriale


Les lycées des quartiers plus privilégiés ne seront eux que concernés à la marge puisque le taux d’élève n’ayant pas le DNB sera moindre voire nul.

Le « choc des savoirs » va ainsi renforcer la fracture territoriale entre les établissements défavorisés et les établissements favorisés.

Ces derniers obtenant de très forts taux de réussite au DNB ne sont donc peu ou pas concernés par les classes prépa-lycée.

 Des élèves en échec qui sortiront du système scolaire


La mise en place de ces mesures du « choc des savoirs » au niveau du DNB entraînera pénalisera les élèves des quartiers populaires : ils subiront une chute des résultats et beaucoup ne pourront plus passer en 2nde, l’obtention du DNB devenant une condition nécessaire pour le passage.

Avec ces « réformes », il est à craindre la mise en place de biais, d’un cercle vicieux où les difficultés scolaires et territoriales seraient renforcées.

Les élèves des quartiers populaires et de l’éducation prioritaires déjà en difficulté seront ainsi confrontés à plus d’échec dans leur scolarité.

Le principal risque serait qu’une part non négligeable de ces élèves sorte du système scolaire.

 Les groupes de niveaux



 Une mesure de ségrégation sociale

Les groupes de niveaux visent quant à eux à créer des classes homogènes, avec des « bons » et des « mauvais » élèves, reprenant ainsi un argumentaire dépassé selon lequel les « bons » élèves seraient pénalisé·e·s dans les classes hétérogènes, pour des questions de rythme et de baisse de niveau.
Cette distinction tendrait in fine à séparer les classes sociales.
En effet, la sociologie de l’éducation avec, aux premières loges, Pierre Bourdieu, a montré que les enfants de catégories bourgeoises réussissaient mieux à l’école car ils bénéficient de codes sociaux et d’un capital culturel valorisés par l’École.
La solution à la baisse de niveau, dont on peut questionner bien évidemment les outils de mesure, reposerait donc dans la ségrégation sociale entre les catégories bourgeoise et populaire.

 Des « mauvais » élèves en souffrance

Le contexte dans lequel évolue un élève a une forte incidence sur ses apprentissages. En s’auto-représentant comme « mauvais », ils subissent des effets négatifs sur le plan socio-affectif : baisse de confiance en soi, risque de décrochage scolaire, etc.
Cela pousse les professeurs a être plus fatalistes, encourageant moins leurs élèves et parce que, de fait, ils ont plus d’élèves en difficulté à suivre. L’enseignant leur propose aussi des tâches plus faciles à réaliser, ce qui ralentit leur progression.
De plus, encore une fois, ces classes seraient laissées aux professeur·e·s moins expérimenté·e·s. Tout cela nuirait fortement à leur apprentissage, renforcerait les inégalités et créerait des situations de souffrance.

 Et dans les autres pays ?

Dans une recherche effectuée à Genève (cf. Rastoldo, Bain, Davaud, Favre, Hexel, Lurin, Soussi), qui compare les modèles de réussite des classes homogènes et hétérogènes, les conclusions montrent que la réussite des élèves « bons » et « moyens » est similaire, alors que les résultats des mauvais élèves baissent.

Cette similarité s’explique par le fait que, dans une situation de classe hétérogène, les « bons » élèves peuvent enseigner aux autres ce qu’ils ont compris, cette posture renforce leur apprentissage.

 Un rétropédalage ?

Le Conseil supérieur de l’Éducation avait rendu un avis défavorable sur les textes concernant la mise en place de groupes de niveau en français et en mathématiques en sixième et en cinquième à la rentrée prochaine. Le ministère semblerait désormais retropédaler face à une mobilisation enseignante, comme avec la grève du 1er février.
Les groupes de niveaux deviendraient seulement des « groupes » et donnerait la possibilité de faire certains cours en classe entière.

Le gouvernement ce serait-il rendu compte de son erreur ? Non, les cours en classe entière serait une « dérogation et pour des périodes limitées », selon les mots de la ministre.

De nouveaux textes réglementaires devraient cependant être diffusés la semaine prochaine, ce qui éclairera peut-être la situation. On s’oriente cependant vers un système mixte avec des temps de reprise en classe entière qui garantiront l’hétérogénéité mais des groupes réduits le reste du temps.

 Comment résister ?

  • Signer la pétition intersyndicale contre le choc des savoirs
  • S’organiser collectivement en participant aux rassemblements, manifestations, assemblées générales, grèves.
  • Résister localement en faisant pression sur les chef·fe·s car le ministère concède une autonomie locale sur ces questions : « À titre dérogatoire, et sous la responsabilité des chefs d’établissement, il sera possible de préserver des temps d’enseignement en classe entière en français et en mathématiques », a déclaré le ministre de l’Éducation Nationale.

Pratique

Non à la répression


Nos revendications


Nous contacter


Adhésion


Les caisses de grève


calendrier des stages et formations syndicales


Souffrance au travail


Nos guides syndicaux