La première guerre mondiale témoigne du succès des nationalistes, des profiteurs de guerre, du capitalisme triomphant, des revanchards…
Elle marque l’échec des pacifistes.
Elle marque également l’échec de l’école.
Cette école « républicaine » qui a formé des générations dans le culte du roman national, dans le culte de la supériorité civilisationnelle, dans le double visage d’un Ferry colonialiste, dans le culte du positivisme et du scientisme, dans le culte de la force guerrière avec des manuels qui exemplifient les faits d’armes passés d’un génie militaire national ou encore tels que Tu seras soldat, histoire d’un soldat français, récits et leçons patriotiques d’instruction et d’éducation militaires, par M. Emile Lavisse, lieutenant au 8ème bataillon de chasseurs à pied, « Honneur et Patrie ».
Voici ce que répètent alors les écoliers après leur maître :
« La France est ma patrie. Je l’aime comme mon père et ma mère. Afin de lui prouver mon amour, je veux maintenant être un enfant laborieux et sage, pour être, quand je serai grand, un bon et un brave soldat »
Le basculement du monde dans la brutalisation inouïe, dans le chaos et la barbarie marque l’échec d’une école qui y a, pour partie, contribué, par la disciplinarisation des masses d’écoliers et leur assujettissement qui permet de les envoyer crever, avec obéissance, dans les tranchées.
Cet échec de l’école devient insupportable aux yeux de nombreux et nombreuses pédagogues lors de la sortie de guerre.
C’est dans cet entre-deux guerres, en réaction à cet échec, que Maria Montessori, Alexander Neill, Célestin et Elise Freinet, Ovide Decroly, Janusz Korczak, et d’autres, conduisent à une élaboration d’une école libre.
Parce que l’école produit la société future. Parce que l’école, dès la salle de classe et les enjeux qui s’y jouent déjà, préfigure en miniature la société future, ces nouvelles pédagogies prennent en compte ce qui a conduit à cet échec collectif et entendent reconstruire les relations de la société dès la classe. Mais aussi à l’échelle internationale avec la mise en place de la Ligue Internationale de l’Éducation Nouvelle.
Ces pédagogies alors nouvelles sont aujourd’hui appelées « pédagogies alternatives » avec une pointe de franc dédain alors qu’elles sont presque centenaires.
SUD éducation poursuit ce travail.
SUD éducation dénonce la disciplinarisation de l’école et contribue à mettre en place une pédagogie émancipatrice, pour une école émancipatrice, pour une société et un monde émancipateurs.
Émancipatrice de toutes formes de dominations : domination de l’économie capitaliste et des valeurs qui permettent sa prédation : domination d’un groupe dominant, domination de populations sur d’autres, infériorisation des femmes, des minorités, domination sur la nature, sur les ressources, sur les communs, modèle de la confrontation.
Toutes ces logiques sont encore à l’œuvre actuellement.
Plus que jamais, en souvenir du sacrifice inutile des sacrifiés des conflits, en souvenir du sacrifice inutile de tant de vies pour les dominations de quelques-uns, pour en libérer les générations futures, il est nécessaire de continuer à faire vivre, de continuer à mettre en place une autre école pour une autre société.
