Évaluations nationales au lycée, s’opposer est possible !

mercredi 22 septembre 2021
par  SUD Education 92

Depuis des années, les évaluations nationales imposées par le ministère ont été largement critiquées que se soit au niveau de leur contenu, de leur forme de passation, ou encore de l’utilisation des données et leur stockage sur les serveurs d’Amazon. De nombreuses et nombreux enseignant-e-s se sont mobilisé-e-s contre ces évaluations et SUD éducation les a toujours soutenu-e-s.

Le communiqué fédéral de la rentrée 2020, notre opposition est toujours d’actualité : https://www.sudeducation.org/tracts/plus-que-jamais-les-evaluations-nationales-ne-doivent-pas-avoir-lieu/

Au lycée Galilée de Gennevilliers, l’équipe enseignante s’oppose à ces évaluations et a rédigé cette communication :

Lycée Galilée de Gennevilliers
17 septembre 2021

Objet : Refus réitéré de faire passer les tests de positionnement en 2nde.

Nous, professeur·es de Lettres et de Mathématiques du lycée Galilée de Gennevilliers, souhaitons, par le présent courrier, signifier notre refus de faire passer les évaluations diagnostiques nationales à nos élèves de 2nde. Ce choix est motivé par au moins trois raisons, qui relèvent de notre liberté pédagogique comme de notre expertise de pédagogues.

En premier lieu, les conditions matérielles de ces évaluations les rendent difficilement exploitables et sont anxiogènes pour les élèves comme pour les enseignant·es en charge de les encadrer. Elles doivent être réalisées sur des postes informatiques dont certains dysfonctionnent, ce qui compromet le déroulement du test ainsi que la fiabilité des résultats. À titre d’exemple, les années précédentes : des élèves disposaient d’ordinateurs privés de son ou d’image, alors qu’une partie du test reposait sur une vidéo ; d’autres élèves ont vu leur ordinateur « bugger » en plein milieu du questionnaire, passant directement à la fin du test, alors qu’à peine une moitié avait été réalisée ; sans parler des écrans figés, des claviers muets, et autres problèmes techniques impossibles à gérer pour les enseignant·es, plongeant tout le monde dans une effervescence peu compatible avec la bonne tenue d’une évaluation.

En outre, la pertinence pédagogique de ces évaluations pose question. Elles font certes l’objet d’une communication nourrie de la part du Ministère, mais les professeur·es des disciplines concernées éprouvent des difficultés à les exploiter avec précision. Les documents Eduscol, conçus à notre attention, expliquent que ces tests visent à nous permettre de constituer des groupes d’accompagnement personnalisé, à partir de compétences attendues au lycée. Or, la constitution de ces groupes repose sur une connaissance précise des travaux de chaque élève, présuppose que nous ayons au préalable pensé la manière d’évaluer leurs compétences, et que l’accompagnement proposé le soit en fonction de notre propre progression pédagogique, et non en fonction d’items vagues et généraux. À titre d’exemple, pour le Français, le test propose d’évaluer « la compréhension de textes variés », avec comme compétences associées le fait de « retrouver une information », « mettre en relation des informations », ou encore « rendre compte du sens global et identifier la visée ». Que faire concrètement de tels énoncés pour aider des élèves qui éprouvent des difficultés à lire et à comprendre un texte ? Nous souhaitons que notre hiérarchie fasse confiance à ses enseignant·es, qui utilisent leur expertise, et pour beaucoup leurs propres évaluations, pour prendre les élèves où ils et elles sont et leur proposer un enseignement adapté à leur niveau.

En sus, et compte tenu des précédents arguments, le fait de consacrer un temps précieux à une activité vaine n’est pas acceptable. En effet, cela implique de faire perdre deux heures de cours aux collègues dans la semaine, en début d’année et dans un contexte où les élèves de 2nde ont plus que jamais besoin de bénéficier de toutes leurs heures au lycée. Cela implique aussi d’utiliser une partie du temps précieuxd’entretien avec les parents de la mi trimestre pour leur remettre des « résultats du test de positionnement » présentés sous forme d’un tableau avec des items peu éclairants pour les familles, et qui peuvent même, de manière contre-productive, leur donner l’impression que le sort de leur enfant est scellé d’avance. Nous ne concevons pas notre mission d’éducateur et d’éducatrices de cette façon, et nous voulons davantage ouvrir les possibles de nos élèves que les faire entrer dans des cases préétablies et absconses.

Nous vous remercions d’avance de la confiance que vous nous accorderez, en respectant à nouveau notre décision de ne pas faire passer ce test de positionnement à nos élèves de seconde.

Nous vous prions d’agréer nos salutations respectueuses.

Les équipes enseignantes de Lettres et de Mathématiques du lycée Galilée

  • SUD éducation 92 soutient les personnels en lutte contre les évaluations nationales.
  • SUD éducation dénonce les tentatives d’intimidation de la hiérarchie et soutient les enseignant-e-s qui en ont été victimes.
  • SUD éducation revendique, contre cette vision managériale de l’école, des moyens pour une école égalitaire et émancipatrice.
  • SUD éducation revendique un allégement des programmes dans cette période particulière.
  • SUD éducation continuera de s’opposer frontalement aux tentatives de mises au pas des personnels, et revendique la suppression des évaluations nationales imposées aux élèves, et aux personnels.
  • SUD éducation revendique, pour le respect de la liberté pédagogique, une formation continue, sur le temps de service, répondant aux besoins des personnels.

Documents joints

PDF - 271 kio

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