AESH acte 2, belle mobilisation à Paris

jeudi 3 juin 2021
par  SUD Education 92

Le 8 avril dernier, nous avons été des milliers à nous mobiliser pour dire non aux PIAL et revendiquer un vrai statut et un vrai salaire. Une nouvelle journée de grève est appelée par l’intersyndicale le jeudi 3 juin. Ce doit être encore plus fort et toutes les raisons de la colère sont là.

Communiqué de la fédération SUD éducation

La manifestation de Luxembourg au ministère a rassemblé un millier de personnels AESH et enseignant-e-s solidaires. Une délégation intersyndicale a été reçue.
https://twitter.com/i/status/1400437998769090564


La mobilisation du 3 juin dans la presse :

Journal Le Monde

Les accompagnants d’élèves en situation de handicap en grève et en colère : « Se lever pour moins de 800 euros, c’est insultant »

Par Yassine Bnou Marzouk, Le Monde

A l’appel de l’intersyndicale, les AESH ont manifesté jeudi pour dénoncer la précarité de l’école inclusive.

« AESH en colère/enfants, écoles, parents, en galère » ou encore « Se lever pour moins de 800 euros, c’est insultant ». Sur les pancartes, jeudi 3 juin, se lisait l’exaspération des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) venus faire entendre, pour la troisième fois depuis le début de l’année, leur ras-le-bol à proximité du ministère de l’éducation nationale, à Paris. Plusieurs autres mobilisations ont eu lieu un peu partout en France.

Petites mains de l’école inclusive, elles sont en majorité des femmes dans le cortège parisien et dans la profession. A l’échelle nationale, les AESH sont 110 000, soit 10 % des effectifs de l’éducation nationale. En poste depuis deux ans maintenant, Carole [qui a souhaité garder l’anonymat] ne peut pas se contenter de son salaire de 737 euros net par mois. « S’il n’y avait pas les aides de l’Etat, impossible pour moi de joindre les deux bouts », témoigne la quadragénaire, qui cumule un autre travail en plus de son contrat de vingt-quatre heures par semaine payées au smic.

Une situation que partagent beaucoup de ses collègues, qui se retrouvent dans l’obligation de cumuler plusieurs emplois. « Nous demandons à ce que ces contrats soient considérés en temps plein afin d’avoir une rémunération décente », revendique Manuel Guyader, représentant SUD-Education dans l’académie de Paris. Une revalorisation salariale qui permettrait d’améliorer aussi la cote du métier d’AESH, dont les besoins sont encore importants. En tout, 385 000 enfants en situation de handicap sont accueillis en classe ordinaire depuis la rentrée 2020.

Besoins en formation

En plus de cette rémunération en dessous du seuil de pauvreté (1 063 euros, soit 60 % du niveau de vie médian), Sanae rappelle que « la précarité touche aussi les contrats de travail ». Originaire de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, cette accompagnante travaille depuis 2018 et est toujours en contrat à durée déterminée (CDD), avec un salaire de 867 euros par mois. « Je ne sais jamais si je vais être renouvelée, c’est l’incertitude à chaque fois », témoigne cette femme accompagnée de sa collègue. Après huit années de CDD à temps partiel, Alexandra vient de signer un contrat à durée indéterminée (CDI), à temps partiel également. « L’enjeu est notre place au sein de l’éducation nationale, nous devons avoir accès au même statut que les enseignants », insiste la trentenaire.

Le gouvernement a récemment réformé le statut des AESH, qui sont passés de contrats aidés à des CDD de trois ans renouvelables une fois et transformables en CDI. Il a également créé en 2019 des pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) pour coordonner les besoins des élèves en situation de handicap, mais qui impliquent une mutualisation systématique des aides. « Avec ce dispositif, on nous considère comme des pions qu’on déplace pour combler des trous, affirme Bénédicte, en poste dans le 12e arrondissement de Paris. On peut être amené à changer plusieurs fois d’établissement dans une même journée. » Aussi, les AESH critiquent la manière dont les PIAL et leur management affectent les personnels mais aussi les enfants. « Physiquement et mentalement, c’est épuisant, relève Sarah, AESH à Paris. Par moments, nous devons nous occuper de deux élèves en même temps, chacun avec ses besoins spécifiques. »

« IL FAUT SANS CESSE S’ADAPTER AUX ÉLÈVES AVEC DES NIVEAUX DE HANDICAP DIFFÉRENTS », RAPPELLE MANISSA, AESH À AUBERVILLIERS

« La volonté de professionnaliser la mission n’a pas mis fin aux recrutements sous contrat, au travail à temps incomplet, à des rémunérations au minimum de la fonction publique, à une formation quasi inexistante et à une dégradation des conditions de travail qu’a amplifiée la création des PIAL », déplore-t-on au SNUipp-FSU, syndicat majoritaire chez les enseignants du primaire. Comme d’autres, ce syndicat réclame une revalorisation des salaires et la possibilité de contrats à temps complet pour les AESH, l’abandon des PIAL, la création d’un véritable statut de la fonction publique pour reconnaître ce métier, ainsi que des recrutements massifs.

Pour répondre à cette problématique d’adaptation tout au long de leur carrière, les AESH demandent la mise en place de formation en continu, en plus des soixante heures initiales. « Nous accompagnons des élèves avec des handicaps différents, rappelle Manissa, AESH à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. Il faut sans cesse s’adapter aux élèves, qu’on ne connaît pas forcément. Mais comment le faire sans formation ? » Pour mener à bien sa mission, elle se forme de son côté et ajuste sans cesse sa prise en charge. « Finalement, les collègues subissent les conséquences de ces carences et accumulent une charge mentale plus élevée », regrette Virginie Cassand, du SNES-FSU Paris, en poste depuis 2009.

Solidarité de professeurs

Dans le cortège, des professeurs sont venus soutenir leurs collègues. « Sans elles, c’est l’école inclusive qui disparaît, insiste Delphine, professeure des écoles dans le Val-d’Oise. Malheureusement, elles sont invisibles, donc personne ne se soucie vraiment de leur situation. » Pour Anthony, professeur des écoles à Montreuil : « Si on considère que l’école de la République est inclusive, il faut se donner les moyens d’accueillir dans de bonnes conditions et cela passe par une meilleure considération des AESH. »

A la fin de la manifestation, une délégation intersyndicale a été reçue par le ministère de l’éducation nationale. « Nous avons été reçus par une personne qui a enregistré nos revendications mais sans avoir de réponse concrète, dit Manuel Guyader. Il faut continuer et taper encore plus fort pour se faire entendre. »

Par Yassine Bnou Marzouk

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France Inter :
« Nous sommes méprisés » : les accompagnants d’élèves handicapés en grève

https://www.franceinter.fr/amp/education/nous-sommes-meprises-les-accompagnants-d-eleves-handicapes-en-greve


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