Pas de vacances pour les luttes !

lundi 22 juin 2009
par  SUD Education 92

Après les mobilisations puissantes des 29 janvier, 19 mars et 1er mai, alors que des secteurs professionnels vivent des luttes déterminées et longues, comment expliquer que les seules perspectives affichées par l’intersyndicale nationale soient une journée de mobilisation un samedi de juin et le maintien de l’unité syndicale des 8 autour de revendications à minima ?

Explications multiples : stratégie du syndicalisme rassemblé qui justifie le rapprochement CFDT/CGT, dépolitisation de l’action syndicale, recentrage sur un syndicalisme technique, modification des règles de représentativité, mais surtout acceptation par les directions des confédérations du cadre imposé par l’organisation capitaliste de la société, qui leur laisse des lieux institutionnels pour exercer leur « mission » de cogestion, en échange d’un rôle de négociateurs responsables.

Cette ligne repose ainsi sur l’hypothèse que des négociations peuvent s’ouvrir sur divers chantiers et nécessiter une mobilisation de longue haleine. D’où le fait de maintenir une pression suffisamment forte sur le gouvernement et le patronat pour les contraindre à négocier, mais suffisamment espacée pour éviter toute dynamique de « débordement ». Cette stratégie ne met aucunement en difficulté le gouvernement qui continue sa politique à l’encontre des salariés.

Pire, les atteintes au droit de grève dans le public comme la précarisation dans le privé ont refroidi les velléités combatives. Cette impression d’impuissance, associée aux défaites accumulées depuis plusieurs années (retraites en 2003, CPE/CNE en 2006, LRU en 2008/2009…), nourrit une attitude de défiance des salariés à l’égard des syndicats. Elle discrédite et « ringardise » en quelque sorte l’action syndicale.

Sur un autre plan, les discours médiatiques qui désignent systématiquement les grévistes comme des preneurs d’otages, ont fini d’installer dans les esprits une image très dévalorisée de la grève. C’est dans ce contexte que nous avons vu apparaître depuis quelques mois des pratiques moins traditionnelles de revendications : désobéissance, rétention de documents ou de personnes, occupations, menaces sur la tenue d’examens, coupures de courant, déambulations tournantes…

Le plus souvent ces tentatives isolées sont une forme authentique d’implication dans la lutte et les motivations de leurs auteurs sont véritables. Mais si ces actions, par leur aspect radical et original, recueillent souvent le soutien des salariés mobilisés et de la population, elles posent toutefois un certain nombre de problèmes :

  • catégorielles, sectorielles, elles ne prennent en charge qu’un aspect du corpus revendicatif (la suspension du soutien individualisé en primaire sans remise en cause de l’ensemble de la politique scolaire, par exemple) ;
  • elles ne permettent plus d’affirmer une identité de classe, mais plutôt une identité de groupe : les faucheurs, les chercheurs, les chômeurs, les précaires, les désobéisseurs, etc. ;
  • leurs contenus sont souvent dépolitisés. Politiser est devenu suspect. Il faut donner une image valorisante, voire rassurante, du groupe et de son action ;
  • elles cherchent à rénover la forme au détriment du fond, visent la médiatisation en simplifiant le discours ;
  • elles sont le pain béni des médias qui raffolent de martyrologie, celle des salariés prêts à aller jusqu’au sacrifice personnel ;

Pour Sud éducation aujourd’hui, il n’y a pas d’alternative à la grève générale reconductible car elle est la seule à hisser le rapport de force au niveau des attaques subies, et la seule en mesure de mettre en échec le choix de société qui est imposé par le patronat et le gouvernement.

Elle se fera par notre réappropriation de la grève :

  • par la tenue systématique d’AG interprofessionnelles décisionnelles ;
  • par la rédaction par les salariés eux-mêmes de revendications à la mesure desquelles ils jugeront de la continuation ou de la fin du mouvement ;
  • par le refus des grévistes de confier leur représentation par délégation, mais par un mandat soumis à contrôle ;
  • par l’invention d’outils de lutte originaux comme ceux mentionnés plus haut.

Cette construction ne saurait être limitée par les dates de l’année scolaire. Pas plus que les attaques du gouvernement, notre lutte ne connaît pas de vacances.


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