Pourquoi sauver les RASED ?

Le témoignage d’une enseignante spécialisée « G »
lundi 22 juin 2009
par  SUD Education 92

Dans un contexte défavorable au RASED
(Réseau d’Aides Spécialisées aux Elèves en
Difficulté), le témoignage apporté ici met
en lumière les apports méconnus et indispensables
des maîtres spécialisés au sein du
champ éducatif. Marie-Rose Michaux, enseignante
spécialisée « G », intervient dans
deux groupes scolaires à Bobigny.

Comment t’es-tu orientée vers
l’enseignement spécialisé ?

J’ai commencé en pédagogie Freinet, dans une classe de
perfectionnement, pendant 15 ans, jusqu’en 1986.
Malgré une pédagogie basée sur la coopération et un
travail corporel quotidien j’ai constaté, chez certains
enfants, la persistance d’inhibitions ou d’impulsivité,
pour lesquelles je restais sans réponse. J’ai eu alors l’occasion
d’obtenir, en 1986/87, dans le cadre de l’E.N.,
une formation en rééducation psychomotrice, à Beaumont/
Oise. Pendant cette formation, j’ai trouvé les références
pratiques et théoriques dont j’avais besoin pour
comprendre les comportements constatés à l’issue de
mon expérience en classe de perfectionnement. En
1987, j’ai intégré un GAPP (Groupe d’Aide Psycho-
Pédagogique), à Saint-Denis, en tant que rééducatrice
en psychomotricité. Après la circulaire de 1990, les
GAPP sont devenus des RASED. D’une situation où je
travaillais sur un seul groupe scolaire, j’ai dû alors intervenir
sur deux groupes scolaires. Ayant constaté une
montée des violences en maternelle, et alors que je préparais
une licence de Sciences de l’Education, j’ai proposé
un travail de réflexion, sur ce thème, aux collègues
d’une école maternelle, dans le cadre des journées pédagogiques.

En quoi ton action est-elle spécifique ?

L’engagement dans une action ou dans un projet personnel
et la phase de verbalisation qui en découle, représentent
une étape clef du travail mené avec les enfants.
La recherche du plaisir sensori-moteur, par des
supports appropriés, permet à l’enfant d’oser s’engager
dans une action ou dans un projet. Ce qui n’est pas le
cas dans sa classe banale, où l’exécution d’un travail
scolaire donne souvent lieu à des situations de blocage,
conduit l’enfant à renforcer une image négative de luimême
et le pousse à adopter des comportements problématiques.

Avoir un lieu spécialement dédié à mon
activité est une des conditions de la réussite du travail.

Les enfants s•approprient ce lieu, qui est entre l’espace
familial et celui de l’école, en fait l’espace transitionnel
de Winnicott. Sur les deux groupes scolaires, je travaille
avec une cinquantaine d’enfants. Mon activité consiste
à mener un travail de prévention en M.S. et en G.S. de
maternelle, par groupes de 4. En CP et CE1, je mène un
travail de rééducation, également par groupes de 4. Audelà
de 4 enfants, une observation fine et une attention
individualisée deviennent difficiles. Des interactions,
trop nombreuses, génèrent des conflits et altèrent la
cohésion du groupe.

En quoi consiste ton intervention
auprès des enfants ?

Je cherche, à travers des supports adaptés comme la piscine
de papier, à faire émerger le plaisir sensori-moteur
pour des enfants qui ont connu des carences affectives
pendant la petite enfance. Ce plaisir, très fort, peut déclencher
des réactions favorables dans le domaine corporel,
du langage, de la créativité, etc. Un déblocage
devient alors possible.

Que penses-tu de l’intervention du RASED
sur plusieurs groupes scolaires ?

Au-delà de 2 groupes scolaires, l’action du réseau d’aides
perd de son sens et de son efficacité. Plus notre
champ d’action s’étend, plus le lien avec les familles, les
enfants et les collègues se distend.


Quel est ton rôle dans les réunions de synthèse ?

Avec le maître E et la psychologue, nous apportons un
regard différent de celui de l’enseignant. Ce regard
complémentaire, pour l’enfant en difficulté, est souvent
déterminant dans les prises de décision le concernant
comme, par exemple, un redoublement de classe, un
contact des parents avec la psychologue scolaire, l’envoi
vers un Centre Médico-Psychologique, ou d’autres
structures extérieures.

Propos recueillis par Stéphane Daubilly et Rémy Logié, enseignants
à l’école Marie Curie (Bobigny).


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