Une lutte qui ne perd pas le rythme

mercredi 6 mars 2013
par  SUD Education 92

Au cours des 3 premiers mois de la rentrée scolaire 2012-2013 les projets ministériels se font connaître. Pour SUD, la refondation n’est que le prolongement de l’école libérale de Darcos/Chatel : le socle, le LPC, les programmes de 2008, les mesures contre les désobéisseurs maintenues... C’est dans ce contexte, que les rythmes scolaires sont mis sur le devant de la scène. Pour beaucoup, c’est la douche froide, la conception de l’école et du travail qui se dessine est bien loin de ce que porte SUD, les contreparties attendues en lieu et place du mercredi matin ne sont pas au rendez vous, le discours sur le bien être de l’enfant justifie la nécessité des mesures prises sans consultation des personnels. Dans les écoles, il apparaît clairement que le décret des rythmes scolaires va dégrader les conditions de travail de tous les travailleurs sans pour autant améliorer les conditions d’apprentissage des élèves. SUD Éducation porte rapidement des critiques sévères sur le décret

Au mois de décembre la lutte contre la réforme des rythmes scolaires s’enclenche. Le mercredi 19 décembre une manifestation à l’appel de l’Intersyndicale complète (SUD, FO, SNUipp, CNT, UNSA, CGT) a réuni plusieurs centaines de personnes dans le froid entre la Sorbonne et la mairie de Paris. À Paris a lieu une Assemblée Générale centrale qui réunit des centaines de personnes ainsi que des AG d’arrondissements notamment dans des quartiers qui d’habitude sont extrêmement calmes. L’AG parisienne appelle à une grève dès la rentrée de janvier.

Dans les Hauts-de-Seine l’école maternelle Henri Wallon de Gennevilliers a appelé les collègues à faire grève le 18 décembre. Les syndicats SUD Éducation 92 et CGT Educ’action 92 ont tout fait pour donner le plus d’écho possible à cette journée. Ils ont organisé une Assemblée Générale pour que le mouvement continue en étant contrôlé par la base. Elle a contenu plus d’une cinquantaine de personnes (sur au moins 120 grévistes) et a décidé d’un nouveau débrayage le 17 janvier. Le nombre de grévistes ce jour là est encore plus grand (plus de 170). Ils décident de rejoindre les collègues parisiens qui feront leur première grève le 22 janvier.

Ce 22 janvier la grève à Paris est historique ! 90% de grévistes à l’appel de l’intersyndicale parisienne unitaire. Certaines écoles sont fermées pour la première fois depuis mai 68... Le mouvement grandit dans les Hauts-de-Seine (230 grévistes à l’appel des syndicats SUD et CGT). Elle mord aussi en Seine-Saint-Denis avec plusieurs écoles fermées, ainsi que dans d’autres départements. Environ 350 personnes (dont 50 du 92 et d’autres du 93) se réunissent à la bourse du travail de Paris et décident d’appeler à une grève nationale début février.

Une intersyndicale nationale composée par SUD, CGT, FO, CNT, FAEN décide d’appeler à la grève le 12 février sur plusieurs mots d’ordre : abrogation du décret mais aussi retrait du projet de loi de refondation. Devant la réalité du terrain et la volonté de la base d’être en grève, le SNUipp finira plus tard par appeler sur ses propres mots d’ordre, en organisant parfois AG, rassemblement ou cortèges séparément demandant une « politique ambitieuse pour l’école », c’est à dire des amendements à la refondation et au décret sur les rythmes. Au niveau parisien, le SNUipp et le SE Unsa ne peuvent pas se permettre de sortir de l’intersyndicale et des AG de grève qui demandent l’abrogation et le retrait des projets. L’Unsa refuse d’appeler à la grève nationalement ce jour. Quant à la CFDT, elle soutient ouvertement la réforme... L’unité intersyndicale parisienne semble être assez unique sur l’ensemble du territoire.

Pourtant la grève nationale du 12 février est incontestablement très réussie. Le taux de grévistes est important : plus de 60%, près de 80% à Paris et dans les Hauts-de-Seine. La manifestation se termine tout près du ministère de l’éducation nationale où les CRS envoient des bombes lacrymo sur des enseignants atterrés d’être gazés sous un gouvernement prétendument de gauche ...

Pour autant la mobilisation en cours est atypique. Ce mouvement touche toute l’organisation de l’école et des familles : les enseignants, les personnels techniques, les animateurs, l’organisation des temps partiels, les disponibilités des locaux, les liens avec les autres établissements du quartier (école élémentaire et maternelle, collège...). Sur Paris, les personnels des conservatoires, des centres d’animations, des bibliothèques, les administratifs vont être à leur tour fortement impactés. On modifie les missions, on bouleverse les vies, on aggrave les conditions de travail sans consulter les personnels concernés sur les conséquences professionnelles, tant matérielles que pédagogiques et sur les conditions de salariés. À Paris – contrairement au 92 -, ce mouvement est mené plus par une intersyndicale unitaire que par les AG de grève, la question de la reconduction ne s’est pas imposée alors que le rythme des rendez-vous de mobilisations est aussi soutenu qu’en grève reconduite : réunion publique, AG de secteur, rencontre avec les parents dans les écoles, création de collectif de parents, manifs... Les réunions publiques organisées par la mairie de Paris devaient constituer la pseudo concertation de la mairie. Elles seront surtout les moments d’opposition réelle et directe entre la mairie et les enseignants parisiens, les parents, les personnels de la ville opposés au projet municipal avec une détermination sans faille. C’est là que le bras de fer mairie/enseignants/parents s’est joué, légitimé par les très fortes mobilisations antérieures. La mairie n’a pas d’arguments, elle ne trouve aucun militant travaillant dans l’éducation pour convaincre sur son projet ; les présents à ces réunions ne sont pas dupes et ne voient là qu’une logique d’appareil politique soutenant le projet d’un gouvernement du même bord et non pas un projet prenant en compte les demandes des personnels et des usagers. Après avoir envoyé la première adjointe de Paris, Anne Hidalgo, Bertrand Delanoë a dû mouiller sa chemise pour les deux suivantes, sortant de ses gonds à plusieurs reprises, qualifiant les représentants syndicaux de suppôts de l’UMP et de honte du syndicalisme, rejoignant par le discours le mépris affiché par Bruno Julliard quelques semaines pus tôt. Face au mépris municipal, la colère des personnels est sans équivoque, les réunions deviennent des tribunes virulentes. Lors de la dernière réunion, Delanoë souffle à ses collaborateurs devant les caméras : « Il n’y aura pas de cinquième réunion, ils sont insupportables, insupportables ! ».

Pour réussir à faire passer son vague projet (augmentation de la pause méridienne puis plusieurs scénarii dont nous ne savons pas à l’heure actuelle lequel sera retenu) la mairie instrumentalise les différends entre enseignants et animateurs, exerce des chantages (nombre de postes créé pour les animateurs à condition de passer en 2013), propose de récupérer l’argent prévu pour les mairies passant en 2014... Du côté des parents, les leaders parisiens de la FCPE se positionnent clairement comme un appui du parti socialiste ne tenant pas compte des inquiétudes et des oppositions qui remontent de leurs unions locales et des associations de parents au niveau des écoles. Les conflits internes semblent se multiplier et leurs représentants sont survoltés et insultants dans leurs déclarations publiques.
Quant à Delanoë, il méprise et se fâche, fait des sourires puis tance vertement les représentants syndicaux. Le bras de fer continue...

Le 28 févier, avant les vacances de la zone C, des rassemblements et débrayages ont lieu dans le 92 et le 75, en attendant la grève nationale du 28 mars, appelée par SUD, CGT, FO, CNT... L’intersyndicale parisienne appelle aussi à la grève le 25 mars, jour où le conseil de Paris doit trancher s’il applique ou non la réforme en 2013.

La grève contre la réforme des rythmes et la loi d’orientation, pour des postes, de meilleures conditions de travail et de vie, pour une école émancipatrice et populaire se poursuit ! C’est tous ensemble, contre une politique générale de démantèlement du service public, contre le volet III de la décentralisation, contre la précarisation qu’il faut lutter, pour gagner !


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