Pourquoi il faut refuser les heures supplémentaires

mercredi 9 mars 2011
par  SUD Education 92

Le gouvernement veut supprimer 16 000 postes d’enseignants à la rentrée 2011, ce qui porte à 60 000 le nombre de postes supprimés en quatre ans dans l’Education Nationale. Ces suppressions de postes auront de graves conséquences : alors même que le nombre d’élèves est en augmentation, des départs en retraite ne seront pas remplacés, des mutations ou des compléments d’enseignement dans plusieurs établissements seront imposés aux professeurs, des classes, des dédoublements et des options disparaîtront et les effectifs continueront à s’alourdir. Pour compenser ces suppressions de postes, le ministère ne dispose que d’une solution : proposer à ces derniers d’accepter toujours plus d’heures supplémentaires.

Il y a cependant quatre bonnes raisons de refuser les heures supplémentaires au-delà de celle qui peut être imposée « dans l’intérêt du service » (Décret n°50-581 du 25 mai 1950, art. 3, alinéa 3, modifié par le Décret n°99-880 du 13 octobre 1999, art. 1) : les accepter, c’est en effet (1) aggraver le chômage des jeunes, (2) dégrader les conditions de travail de ses collègues, (3) alourdir encore sa propre charge de travail et (4) détériorer les conditions d’apprentissage des élèves.

(1) Contre l’aggravation du chômage des jeunes

Les 16 000 postes supprimés seront 16 000 emplois de moins dans un pays déjà victime du chômage de masse. Les jeunes, les étudiants qui se destinent à l’enseignement voient se fermer 16 000 portes. Le nombre de postes ouverts aux concours de recrutement baisse régulièrement depuis des années. Les professeurs qui refusent les heures supplémentaires le font donc, parce qu’ils refusent d’aggraver le chômage. C’est un acte de solidarité. Un professeur certifié doit 18 heures de service en présence des élèves. Si 6 profs acceptent chacun 3 heures supplémentaires, ils détruisent un emploi.

(2) Contre la dégradation des conditions de travail des enseignants

La transformation des heures-postes en heures supplémentaires entraîne des suppressions de postes et des mutations imposées. Quand ce n’est pas le cas, les enseignants sont contraints d’effectuer leur service sur deux ou trois établissements différents à la fois.


(3) Contre l’alourdissement de la charge de travail des enseignants

Le temps de travail des enseignants a été fixé par décret en 1950. Il correspondait à celui des salariés de l’époque : 40 heures officiellement, 42 ou plus en pratique. Le législateur a estimé que pour une heure passée devant ses élèves, un professeur travaille 1h50 (préparation, correction, évaluation, recherches, etc.). Des études récentes commandées par l’État établissent que les professeurs travaillent en moyenne 39 heures par semaine (davantage encore, suivant les syndicats). Depuis 1950, nous sommes la seule profession dont le temps de travail n’a jamais été revu à la baisse. Les 35 heures, les RTT, c’est pour les autres ! En outre, la réduction progressive des heures d’enseignement attribuées à chaque matière a entraîné une augmentation sensible du nombre d’élèves par enseignant. Celle du nombre d’élèves par classe, imposée par des restrictions budgétaires (baisse continue du rapport heures/élève), a elle aussi contribué à celle du nombre d’élèves par professeur et donc à celle de la charge de travail des enseignants. Leurs missions se sont enfin multipliées (orientation, organisation et suivi des stages, organisation du B2i, etc.), tout comme leurs obligations de service (réunions diverses, soutien scolaire, charge de professeur principal, de coordonnateur, note de vie scolaire, évaluation des compétences, histoire des arts, etc.). Dans ce contexte, se charger encore d’heures supplémentaires, c’est renoncer à avoir une vie en dehors de son établissement !

(4) Contre la détérioration des conditions d’apprentissage des élèves.

La multiplication des heures supplémentaires entraînera enfin nécessairement une baisse de la qualité de l’enseignement et les élèves en seront les principales victimes. La généralisation des heures supplémentaires induit en effet le partage de classes entre différents professeurs de la même matière, l’emploi de professeurs dans d’autres matières que celles pour l’enseignement desquelles ils ont été formés et la transformation des heures de cours en heures de garderie : le travail ne peut y être que superficiel, répétitif et dépourvu d’attention réelle aux élèves. Depuis cinq ans, on voudrait ainsi nous imposer le remplacement des collègues absents par des volontaires en heures supplémentaires, avec des élèves que l’on ne connaît pas, dans une autre matière. C’est de la garderie, pas de l’enseignement. Il faut créer des postes de titulaires-remplaçants pour un travail sérieux.


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