Evaluation en maternelle : la grande illusion

vendredi 25 novembre 2016
par  SUD Education 92

Maternelle : évaluation « positive », « bienveillante », finis les livrets de compétence, les sous-compétences, les items, les cases à cocher. Alors, heureux-ses ?

Non. Derrière le miel d’un discours pédagogique parfaitement contradictoire avec la mise en œuvre du LSUN au primaire et au collège, aux accents de Magritte sur le site du Ministère de l’Education nationale (ceci [le carnet de suivi] « n’est pas un livret de compétences décliné en sous-compétences » ; « pas un tableau d’items cochés »…), la réalité est la suivante :

1/ des programmes en maternelle toujours exprimés en « compétences » : 5 domaines et 64 compétences associées
Exemples : Domaine 1 « Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions » (exemples de compétences associées : « Manifester de la curiosité par rapport à l’écrit », « Copier à l’aide d’un clavier ») ; Domaine 2 « Agir, s’exprimer, comprendre à travers l’activité physique » (exemple de compétence associée : « Se déplacer avec aisance dans des environnements variés, naturels ou aménagés ») ; Domaine 3 « Agir, s’exprimer, comprendre à travers l’activité artistique » ((exemple de compétence associée :« Parler d’un extrait musical et exprimer son ressenti ou sa compréhension en utilisant un vocabulaire adapté ») ; Domaine 4 : « Construire les premiers outils pour structurer sa pensée » (exemple de compétence associée : « Identifier le principe d’organisation d’un algorithme et poursuivre son application » ; Domaine 5 : « Explorer le monde » (exemple de compétence associée : « Utiliser des objets numériques : appareil photo, tablette, ordinateur »).

2/ des « carnets de suivi » qui remplacent certes les « livrets » mais, au vu des modèles délivrés par le ministère, qui sont tout au long de la maternelle un enregistrement, y compris par photos et vidéos, des acquisitions de l’élève - avec l’âge de l’élève lors de l’acquisition - au regard de ce qui est attendu et qui est systématiquement rappelé au préalable.

Et pour « aider » les enseignants à mieux « suivre » les « progrès » de l’élève, 50 pages d’ « indicateurs de progrès » pour les 5 domaines d’apprentissage (tirées de l’annexe au programme de maternelle - B.O n° 2 du 26 mars 2015), Ainsi pour le domaine 1 et la compétence associée « Communiquer avec les adultes et les autres enfants en se faisant comprendre » reliée à l’ « objectif visé : Oser entrer en communication », 14 « indicateurs » sont listés (exemple : « participer à la régulation de l’avancée du propos du groupe par des formules comme « On l’a déjà dit … » »). Au total ce sont 360 « indicateurs » recensés par le ministère et si on veut repérer les « éléments de progressivité » pour chacun de ces indicateurs, par exemple 5 paliers de progrès comme le propose par exemple en ligne un enseignant soucieux d’aider ses collègues, 1800 cases permettent de « suivre » l’élève sur l’ensemble de la maternelle

3/ une « synthèse des acquis scolaires de l’élève à l’issue de la dernière année de scolarité à l’école maternelle » (modèle défini par l’arrêté du 31 décembre 2015) qui enregistre pour les 5 domaines et 18 grandes compétences associées réparties en trois niveaux euphémisés (« Ne réussit pas encore » ; « Est en voie de réussite » ; « Réussit souvent ») et avec un recensement des « points forts » et des points faibles baptisés « besoins à prendre en compte ».

En outre la synthèse ajoute une évaluation du comportement (« apprendre ensemble et vivre ensemble ») sur la base de 5 compétences (exemples : « Prise en compte de consignes collectives » ; « Participation aux activités, initiatives, coopération »).

A l’image du LSUN à partir de l’élémentaire (voir notre position dans le lien et le PDF ci-dessous), tout est donc mis en place dès la maternelle pour que les élèves et les enseignants entrent dans le jeu du fichage de leurs « compétences ».

Contre le formatage pédagogique et pour des alternatives aux évaluations normatives imposées par l’institution SUD éducation revendique :

  • une évaluation formative plutôt que sommative
  • une évaluation dans un cadre pédagogique ne donnant pas lieu à un quelconque fichage de l’élève
  • la réduction du temps d’enseignement pour permettre une réflexion collective sur l’évaluation

Pour toutes ces raisons, la fédération SUD éducation revendique l’abrogation du Livret Scolaire Universel Numérique, en maternelle, en élémentaire et dans le secondaire.

http://www.sudeducation.org/Contre-le-livret-scolaire.html

Tract départemental sur l’évaluation en maternelle :

Tract fédéral sur le LSUN :


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PDF - 100.9 kio

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