Sauvons les RASED et les élèves en difficulté(s) !

lundi 22 juin 2009
par  SUD Education 92

Le budget 2009 est voté, il prévoit la « réaffectation » ou
« sédentarisation » de 3000 maîtres E et G dans des classes
« ordinaires ».

« si les RASED avaient servi à quelque chose, on s’en
serait rendu compte depuis 15 ans ! » M.Jouault, IA du
94, à la CAPD du 24 octobre 2008.

Le fait qu’un inspecteur d’académie se permette ce type d’invective
en dit long sur le dénigrement dont le ministère et ses
IA font preuve à l’encontre des enseignants des RASED. Darcos
a lui-même qualifié leur intervention dans les écoles
d’ « aide médicalisante » !

Rappelons que les maîtres E prennent en charge des élèves,
dont les difficultés sont liées au « pouvoir d’apprendre ».

L’enseignant travaille alors à une remédiation de type pédagogique,
permettant à l’enfant de retrouver le chemin des
stratégies d’apprentissages. La circulaire de 2002 sur l’adaptation
et l’intégration scolaire indique que les remédiations
des maîtres G (aides spécialisées à dominante rééducative)
œuvrent à « la (re)conquête du désir d’apprendre et de l’estime
de soi, l’ajustement des conduites émotionnelles, corporelles
et intellectuelles (et) doivent permettre une meilleure
efficience dans les activités proposées en classe et dans les
apprentissages. ».

Cette aide spécialisée est reconnue par l’ensemble des pédagogues
comme un moyen incontournable de lutter contre
l’échec scolaire. Ainsi, dans une lettre de novembre, Philippe
Meirieu rappelait que l’inspiration fondatrice des RASED était
de : « différencier sans exclure » et donc qu’elle permettait
d’ « apporter des aides spécifiques aux élèves qui en ont besoin
sans les stigmatiser ». Roland Goigoux, lui, estime que
les maîtres E « ne sont pas de ce point de vue des thérapeutes,
mais bien des pédagogues, qui poursuivent avec d’autres
moyens une réflexion sur les conditions d’apprentissage ».
Quant à André Ouzoulias, il dénonce, dans la suppression
des RASED, « un saccage incommensurable : chaque maître
spécialisé de RASED représente un trésor de compétences, un
appui irremplaçable pour les maîtres et les équipes d’école. ».
C’est même une note d’information du Ministère de l’Education
Nationale (Note N°05-08 du DEPP du Ministère, de
janvier 2008), qui reconnaît que la baisse du nombre de jeunes
sortis sans qualification du système scolaire entre 1997 et
2005 est dûe, notamment, aux RASED !

« Sédentariser », Késako ?

Xavier Darcos nous explique, dans une lettre du 17 novembre
 : « 3000 maîtres spécialisés des RASED seront
« sédentarisés » à la rentrée 2009 dans les écoles, ils seront de
nouveau devant une classe pour y exercer des fonctions de
maîtres titulaires. »

Pour mieux comprendre, il faut se référer au compte-rendu
de la rencontre entre le ministre et les Inspecteurs d’Académie
(datée du 16 octobre) : « Sur le poste qui est attribué aux
ex-maîtres E et G, une classe ordinaire, donc, est attachée une
mission d’aide et de conseil qu’ils exercent dans l’école, relative
à la gestion de la difficulté scolaire. ».

Là, c’est clair ! Les maîtres E et G vont être nommés dans une
classe « ordinaire » mais ils devront y dispenser « un enseignement
soutenu (dans les enseignements fondamentaux) ».

La prise en charge de petits groupes d’élèves en difficulté pendant
le temps de classe disparaît ! « Différencier sans exclure
 », c’est fini ! La remédiation rééducative, parfois nécessaire
en individuel, c’est terminé ! C’est une destruction programmée
des missions des maîtres E et G ! C’est la fin des
interventions pendant le temps de classe pour un traitement
spécialisé des difficultés scolaires…

Et en plus des missions dénaturées, les enseignants des RASED
seront chargés de la mise en œuvre et de la formation
des autres professeurs pour les dispositifs d’ « aide personnalisée
 ».

Quel traitement des difficultés scolaires ?

Le constat de départ des enseignants des RASED est d’observer
que « certains enfants, du fait des conditions sociales et
culturelles de leur vie ou du fait de leur histoire particulière,
ne se sentent pas « autorisés » à satisfaire aux exigences scolaires,
ou ne s’en croient pas capables, ou ne peuvent se mobiliser
pour faire face aux attentes (du maître, de la famille,
etc.). ». Découle de ce constat une intervention individuelle
ou en groupes restreints visant à favoriser une adaptation pédagogique
ou réeducative.

Le constat de départ de Xavier Darcos est que les résultats de
l’enquête internationale PIRLS placent « la France (…) en dessous
de la moyenne des pays comparables de l’OCDE. ».
Le traitement de la difficulté scolaire n’est pas vu dans une
perspective de réponse au besoin de l’enfant mais dans une
perspective d’amélioration des résultats des élèves français par
rapport aux autres élèves européens.

Pour le ministre, la difficulté scolaire se traitera pendant les
heures d’aide personnalisée sous la forme d’une « remise à
niveau dans les enseignements fondamentaux. ». La difficulté
scolaire est résumée à un manque de rabâchage des savoirs
fondamentaux. Tout l’acquis de la recherche pédagogique
qui a conduit à penser l’intervention de l’aide spécialisée
(RASED) est balayé au profit d’une simple mise en valeur de
la « bonne vieille méthode » du rabâchage !

La vraie raison d’une mise à mort des RASED

Supprimer les RASED, embaucher des vacataires au lieu de
recruter des ZIL ou des Brigades, supprimer la TPS (voire…),
abaisser le nombre d’heures de cours au lycée, faire passer le
Bac Pro en 3 ans au lieu de 4, toutes ces mesures n’ont qu’un
seul but… économiser des postes !

La seule logique permettant de mettre en cohérence la politique
éducative du gouvernement est celle de la restriction
budgétaire. Cette politique a un nom : la Révision Générale
des Politiques Publiques (RGPP). Son but est clair et chiffré :
il faut supprimer un poste de fonctionnaire partant à la retraite
sur deux, c’est-à-dire 106 000 postes en 5 ans ! Avec
24 700 suppressions de postes en 2008 et en 2009, il en reste
encore plus de 80 000 à faire disparaître d’ici 2012 !

Mais la difficulté scolaire n’est pas
une variable d’ajustement !

SUD éducation exige :

•Le maintien et l’extension des RASED par une augmentation
massive des départs en formation CAPA-SH

•L’utilisation des 60 heures d’ « aide personnalisée »,
notamment en temps de concertation et de réflexion
sur les difficultés scolaires avec les membres des RASED

•Des créations de postes de médecins scolaires


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