Peillon nous enfume et pas avec un pétard mouillé !

lundi 29 octobre 2012
par  SUD Education 92

Les annonces de Vincent Peillon aux syndicats
sur la future loi de programmation « refondation de
l’école de la république » s’inscrivent dans la
continuité de la politique menée par Darcos,
Chatel et les gouvernements antérieurs. Aucune
des contre réformes n’ont été supprimées ni
même dénoncées. Les grands discours sur l’école
républicaine ne peuvent nous faire oublier que
l’école reste toujours celle de la reproduction
sociale et que les réformes annoncées ne risquent
pas de faire reculer les inégalités scolaires et
sociales. À coté de la nouvelle organisation du
travail et du temps, qui vont sans aucun doute
alourdir nos conditions de travail, le rapport entérine les évolutions libérales des précédents
gouvernements. Nous ne partageons ni la méthode, ni le diagnostic issu de cette concertation,
et encore moins l’orientation libérale qui se trame derrière un discours du bien-être des élèves
et un vernis pédagogiste.

Augmentation de la charge de travail, salaires gelés,
renforcement de la hiérarchie et développement de la précarité !

Voilà le « bad trip » qui nous attend !

Sud Éducation ne se définit pas comme
un « partenaire social », mais comme un
outil de lutte au service des revendications
des personnels et de la transformation de
la société. En tant qu’organisation représentative,
nous avons été présents à
toutes les étapes de cette concertation au
niveau national et au niveau parisien.
Nous allons mobiliser aujourd’hui nos
forces pour informer tous les personnels,
dénoncer le faux changement et
construire les mobilisations pour faire
aboutir nos revendications pour une autre
école qui promeut les pratiques et les valeurs
coopératives d’entraide pour les
élèves et les personnels dans une société
égalitaire et émancipatrice.

Renforcement de la hiérarchie

Ainsi dans le rapport, la hiérarchie est renforcée
par la mise en place d’un statut des directeurs
d’école, un renforcement des prérogatives des
inspecteurs dans la formation des enseignants.
Dans le premier degré, les animations pédagogiques
et les injonctions d’inscriptions via le
dispositif « Circonscript » ne sont que des formations
imposées, nous ne voulons pas de cette formation
là au rabais. Si un droit à la formation est
affirmé par le ministre, elle doit se faire sur le
temps de travail avec des contenus réellement
choisis par les personnels.
Dans le second degré, tous les personnels
subissent déjà une forte présence hiérarchique.
Les enseignants et autres personnels sont soumis
à la notation, au contrôle quotidien et à l’autorité
de proviseurs et principaux de plus en plus autocrates.
Les intendants des établissements sont
désormais personnels de direction. Les personnels
administratifs vivent quotidiennement la présence
des hiérarchies, les agents techniques
sont, quant à eux, soumis à la double hiérarchie
État/Collectivité territoriale. Les postes à profil, le
recrutement des personnels par les chefs d’établissement
et la précarité renforcent le pouvoir
des directions. Rien de tout cela n’est remis en
cause. C’est le non-dit, l’entre-les-lignes des déclarations
gouvernementales.


Évaluation omniprésente et fichage

Base-élève, dispositif de fichage/flicage que nous
dénonçons depuis sa création, est maintenu. De
même l’obligation de remplir les ENT et autres cahiers
de textes numériques dans le second degré
demeure. L’évaluation au niveau des élèves, des
personnels et de l’administration est omniprésente,
calquée sur les techniques managériales.
Le livret personnel de compétences, même
allégé, même s’il est moins pénible à remplir, est
avant tout un outil de contrôle sur toute la scolarité.
La norme imposée par l’école du socle commun
exclut ceux qui ne correspondent pas aux
cases, sert à orienter les élèves dans les filières
hiérarchisées. Ce type d’outil rappelle étrangement
le livret de l’ouvrier d’antan et ce n’est
qu’une question de temps pour que cet outil soit
transposé à tous les personnels avec un contrat
d’objectifs à atteindre, un entretien et une auto
évaluation culpabilisante comme nous le voyons
déjà pour les personnels administratifs et dans les
évaluations d’école « volontaires ». Le dispositif
d’évaluation des personnels contre lequel se sont
battus l’an dernier les enseignants revient sur la
table avec ce rapport. Dans le calendrier ministériel,
ces discussions sont prévues pour 2013.


La masterisation, source d’inégalités sociales
et de pénurie d’enseignants

Le gouvernement n’abandonne pas la mastérisation.
Sous couvert de s’aligner sur les directives
européennes de niveaux de diplômes (Licence-
Master-Doctorat) et de valoriser le métier d’enseignant,
ce recrutement à bac +5 est encore un outil
de tri social et de précarisation. Les étudiants
issus des classes populaires auront bien du mal à
se payer cinq années d’études. D’autre part comment
s’étonner du manque de candidat, quand,
après cinq années d’études et un concours exigeant,
les heureux élus auront droit à un salaire
de 1 400€ ? Les autres, titulaires d’un Master Métiers
de l’éducation mais sans concours, se verront
proposer des contrats précaires de
contractuels pour combler les manques criants
dans les établissements. À quoi bon promettre de
créer 60 000 postes si on n’a pas de candidats en
nombre suffisant pour les pourvoir ? Verrouiller
l’accès des classes populaires au métier d’enseignant
implique un changement des mentalités,
modifie la conscience de classe au sein des établissements.
Quelle sera la place de la formation professionnelle
dans les futures écoles supérieures du professorat
et de l’éducation (ESPE) ? La formation
universitaire ne doit pas servir d’alibi pour une
moindre formation professionnelle.

L’entreprise à l’école

La décentralisation de l’orientation, l’intervention
des régions et du patronat dans les cartes de formation
des lycées professionnels se traduiront
par la mise en conformité de l’école à l’économie
locale en fonction des bassins d’emplois. Même si le ministre assure aujourd’hui que les conseillers
d’orientation psychologues resteront des fonctionnaires
d’État, le service public d’orientation
passe, lui, sous la responsabilité des régions,
source de déséquilibre entre les régions selon les
ressources et les pressions des entreprises locales.
Les changements annoncés des programmes
de l’école primaire et leur mise en
adéquation avec le LPC s’inscrivent dans cette
logique libérale.


Dans les lycées et lycées professionnels

Le bac pro en 3 ans et la contre réforme des lycées
sont aussi maintenus. Nous savons déjà
que les LP sont plus particulièrement livrés aux
choix de formation dictés par les priorités patronales
des bassins d’emploi régionaux. Les lycées
restent divisés en généraux, technologiques et
professionnels pour parfaire le tri social. L’idéologie
sécuritaire, à travers le recrutement des Assistants
de Prévention et de Sécurité, est ainsi
renforcée et ne va pas favoriser les conditions de
vie des lycéens et collégiens.


Dans les écoles, les rythmes de travail

Qu’en est-il du mercredi pour les animateurs, les
agents des écoles, les AVS, les enseignants, les
gardiens, les intervenants langues, les professeurs
de la ville de Paris ? L’instauration de
l’école le mercredi dans le primaire ne pose pas
seulement la question de l’organisation de la scolarité
des élèves, mais bien celle de l’organisation
et des conditions de travail de tous ces personnels.
À ce jour, un certain flou persiste : raccourcissement
des journées ? Quelle prise en
charge des élèves et par qui ? Prise en charge
payante ou non ? D’ores et déjà certaines pistes
se confirment : classe le mercredi matin, classe
et aide aux devoirs jusqu’à 1 6 h. les autres jours
de la semaine. Devraient s’ajouter à cela, pour
les enseignants, l’animation pédagogique et le
temps de concertation (mercredi après-midi ?)
pour arriver à 27 heures de service.

Pour tous les personnels en tout cas on s’oriente
vers une surcharge de travail généralisée, avec
du temps contraint étendu.

Depuis le 15 octobre, le ministre commence à
recevoir les syndicats. Certains d’entre eux,
approuvent et accompagnent cette refondation,
d’autres prônent le statu quo. Le gouvernement
cherche à faire cautionner par les
organisations syndicales cette réforme dont
le Medef s’est réjoui au conseil supérieur de
l’éducation.

Nous revendiquons des augmentations générales
des salaires, une réduction du temps de
travail pour tous et pour toutes, des créations
de postes à la hauteur des besoins sur des
statuts de fonctionnaire et non de nouveaux
contrats précaires comme les emplois
d’avenir professeur qui s’ajoutent aux profs
vacataires,
étudiants en Master 1 et Master 2,
tous les CUI, CDD de toutes les catégories de
personnel.

Ce gouvernement s’inscrit complètement
dans la politique de ses prédécesseurs de
droite comme de gauche. Le traité européen
adopté ce moisci
est un aspect majeur de
cette continuité. L’école et la société que veut
ce gouvernement ne sont pas les nôtres. Sud
éducation appelle tous les personnels à se mobiliser
afin de défendre nos revendications
et améliorer nos conditions de travail.

Nous ne nous satisfaisons ni de l’école libérale
à la sauce néorépublicaine
ni du statu
quo !


Documents joints

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PDF - 93.6 kio

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