Texte d’orientation de SUD Education 92 : Congrès de mars 2012

lundi 19 mars 2012
par  SUD Education 92

Notre raison première d’exister est l’organisation des travailleur-se-s sur leurs lieux de travail pour
la défense des intérêts immédiats. Notre texte d’orientation discute cependant en premier de la
situation économique qui impacte directement nos conditions de travail actuelles, car nous devons
inscrire notre combat en tenant compte de la situation économique, sociale et politique générale.
Au-delà des conséquences immédiates que nous subissons, notre action militante doit s’inscrire d’une
manière plus globale contre la société capitaliste et toutes ses formes d’oppressions.

1) Nous refusons de payer leur crise

1.1 La crise économique qui dure depuis 4 ans a été le prétexte à une aggravation de l’offensive du
capitalisme : dégradation du régime des retraites, accélération du démantèlement du Service Public,
précarité grandissante, chômage croissant, dérive sécuritaire, accentuation de la chasse aux sanspapiers,
… À l’Éducation Nationale et dans l’Enseignement Supérieur, cette dégradation se caractérise
par une suppression des postes et des moyens dramatique. L’Éducation se transforme en une
entreprise de service, intégrant des notions de rentabilité financière et de management à l’image du
secteur privé. L’offensive idéologique se matérialise par la transformation d’objectifs pédagogiques
tournés vers l’acquisition de « compétences professionnelles » et non plus vers l’acquisition de
« savoirs » et de la formation d’un esprit critique.

1.2 Quels que soient les résultats de l’élection présidentielle, il ne fait pas de doute que c’est une
politique brutale d’austérité qui continuera d’être imposée aux salarié-e-s : renforcement de la
rigueur budgétaire, nouvelles suppressions de postes, gel ou sans doute même diminution des
traitements et pensions. Par ailleurs, des réformes dites structurelles de dégradations des services
publics seront poursuivies.

1.3 Les capitalistes mènent une guerre sociale contre les populations pour défendre leurs profits. Il
est donc parfaitement légitime que les populations mènent, avec leurs moyens, la lutte des classes
contre les capitalistes et leurs hommes politiques. Il est de plus nécessaire de développer cette lutte
en solidarité avec les autres populations victimes du capitalisme, car seule une rupture radicale est
susceptible de nous permettre de sortir de l’impasse où nous jette le capitalisme. Les
développements révolutionnaires en Egypte, Tunisie, … nous rappelle qu’un changement de société
peut naitre d’une mobilisation auto-organisée des masses au sein de laquelle notre syndicat entend
jouer un rôle actif.

1.4 La première mesure d’urgence doit porter sur l’annulation de la dette publique, en France comme
ailleurs, afin de dégager les populations de l’emprise des marchés financiers. SUD Education 92
soutient et s’engage dans toutes les initiatives qui iront dans ce sens.

2) Pour une stratégie syndicale gagnante

2.1 La perspective d’un affrontement social d’ampleur, lié aux politiques d’austérité, impose de
modifier les stratégies jusqu’ici suivies par les grandes confédérations syndicales. Le syndicalisme
français, dont on ne cesse de répéter qu’il est en crise, garde une importante capacité de
mobilisation tout en étant en mesure de jouir d’un fort soutien populaire, comme le montrent les
grèves sur les retraites de 2010. Mais les confédérations syndicales ne cherchent pas à préparer la
contre-offensive nécessaire, elles cherchent juste à peser dans les discussions et négociations au
sommet. Cette stratégie, qui a pu un moment laisser croire qu’elle apportait des progrès, fait depuis
des années la preuve de son inefficacité face à des gouvernements qui ne redoutent pas
l’affrontement social.

2.2 Dans ce contexte, la politique des confédérations syndicales n’est pas simplement une option
politique que nous désapprouvons, mais un leurre et constitue une dangereuse impasse. Ni le
capital ni les pouvoirs politiques n’ont l’intention de négocier quoi que ce soit. Malgré cette critique,
SUD Education 92 est à l’échelle locale ou nationale favorable aux actions unitaires avec ces
confédérations. De ce fait, SUD Education 92 participe dès que possible aux intersyndicales ou
autres structures unitaires, en cherchant l’unité de lutte la plus large. Cependant, cette unité ne doit
pas freiner la combativité. Nous affirmons donc ne pas nous enfermer dans une unité de principe
qui, sous prétexte d’un consensus le plus large, amènerait à amoindrir une lutte. Par exemple SUD
Education 92 était opposé à la signature par Solidaires des appels unitaires lors des grèves contre les
retraites lorsque l’intersyndicale a refusé d’appeler à l’élargissement de la grève ou lorsque
l’intersyndicale a dénoncé les blocus des raffineries.

2.3 La construction du rapport de force n’exige donc pas simplement d’être en mesure de faire
descendre dans la rue plusieurs milliers ou millions de manifestant-e-s. L’organisation de
manifestations et de journées d’action ne peut être qu’un moment préliminaire, qu’une étape, dans
l’organisation de la mobilisation. Le rapport de force s’engage le plus souvent avec la reconduction
de la grève et l’organisation de blocages, ainsi que nous l’avons vu en 2010, lorsque le mouvement a
commencé à toucher des raffineries de pétrole ou des terminaux pétroliers.

2.4 Mais ce serait une erreur de croire qu’il y aurait des secteurs clés ou supposés plus combatifs
auxquels on pourrait déléguer la lutte. Si nous soutenons de façon militante ces blocages, il faut se
convaincre que les travailleur-se-s de l’Éducation peuvent, exactement de la même manière que les
autres, mener des mouvements radicaux et faire des blocages collectifs y compris d’examens et/ou
d’évaluations. Nous devons nous préparer à engager un tel rapport de force, quitte à en payer le
prix, car le prix à payer sera toujours beaucoup plus faible que ce que nous subissons par les reculs
imposés depuis des années.

2.5 Pour mener la contre-offensive, SUD Éducation 92 refuse d’opposer des formes d’action les unes
aux autres et se solidarise de toutes les formes de résistances qui participent à contrer le capitalisme
ou qui sont porteuses de potentialités subversives (désobéissance, luttes des indignés, blocus, …).

3) Combattre l’école capitaliste et la précarité

3.1 SUD Education 92 ne défend pas le mythe de l’école républicaine, car bien avant les reculs actuels
l’école n’était déjà ni égalitaire, ni gratuite, et perpétuait déjà les hiérarchies sociales. Il n’y aura pas
d’émancipation de l’éducation, de la culture et des savoirs, sans une profonde transformation sociale.
SUD Education 92 réaffirme que militer pour une autre école c’est militer pour une autre société.

3.2 Sud Éducation 92 affirme que l’enseignement n’est pas de conditionner les élèves ou étudiants à
accepter l’idée que la vie ne sert qu’à travailler. Nous défendons bien au contraire l’idée d’une
éducation émancipatrice permettant l’accès aux savoirs de toutes et tous : sa mission principale doit
rester de produire et diffuser les savoirs et leurs critiques. Nous combattons donc la conception
actuelle de l’éducation qui tend de plus ne plus à s’organiser comme une entreprise privée, rentable,
soumise aux lois de la concurrence. Nous affirmons notre revendication d’une éducation publique,
gratuite, qui favorise les relations collaboratives entre tous les personnels et toutes les structures
éducatives

3.3 La politique actuelle a accéléré le démantèlement d’un Service Public d’Éducation : la
suppression de plus de 80 000 postes, le développement du précariat, la disparition de la formation
professionnelle des enseignants, l’intégration de plus en plus violente de la logique du marché au
cœur de l’école et des universités, l’attaque frontale contre l’enseignement professionnel et le
démantèlement du collège unique, le démantèlement de la recherche publique. L’emballement de la
crise économique constitue un puissant prétexte pour la poursuite de réformes dont l’effet le plus
manifeste est le renforcement des ségrégations scolaires et sociales et la mise sous contrôle des
personnels par la multiplication de procédures d’évaluation.

3.4 L’une des conséquences essentielles de la crise et des réformes imposées est, en outre,
l’inscription d’une partie croissante de la jeunesse scolarisée dans le monde du travail où elle est
soumise à des stages bidons et des contrats précaires. Alors que de plus en plus de jeunes se
retrouvent de plus en plus tôt, en dessous même de l’âge légal requis pour travailler, placé-e-s en
condition d’apprentissage ou sous la coupe d’un patron, la jeunesse estudiantine et travailleuse est
victime d’une paupérisation continue. La titularisation immédiate, sans condition de concours ni de
nationalité, est la revendication constante que SUD Éducation 92 doit porter concrètement non
seulement pour tous les personnels qui font directement partie de son champ de syndicalisation
(EVS, AVS, AE, CUI…), mais aussi pour toute une jeunesse soumise au précariat et la discrimination
économique.

4) Développer un syndicalisme intercatégoriel

4.1 SUD Éducation 92 syndique en son sein tous les personnels de l’Education quels que soient
leur profession, leur employeur et leurs statuts. C’est parce que SUD Éducation 92 s’oppose à la
division des personnels et croit en la solidarité et en la nécessité de l’unité de tou-te-s les
travailleur-se-s, qu’il s’engage à développer en son sein et à porter dans les luttes l’intercatégoriel
qui favorisera leur convergence et leur élargissement. La décentralisation et l’externalisation de
certaines tâches a compliqué le travail syndical avec les Techniciens et Ouvriers de Services (TOS).
SUD Education 92 reste opposé à cette division imposée et continuera de revendiquer la
réintégration de tous les personnels TOS dans la Fonction Publique d’Etat ainsi que la titularisation
des précaires quel que soit leur employeur.

4.2 Parce que la première préoccupation de SUD Éducation 92 reste la défense des personnels et
l’amélioration de leurs conditions de travail et de leur traitement, toute forme de collaboration avec
SUD Collectivités Territoriales (CT) (qui rejoint notre champ de syndicalisation sur ce domaine)
est souhaitable tant qu’elle se fonde sur l’intérêt des personnels et exclut toute intention ou
stratégie « boutiquière ». SUD Education 92 reconnaît notamment le droit à la double
syndicalisation des TOS en lien avec SUD CT. Des discussions doivent être poursuivies et d’autres
entamées en ce sens avec SUD CT. La décentralisation des agents vers la Région pour les lycées et
vers le Conseil Général (CG) pour les collèges nous oblige à construire une réponse à la hauteur.
Aussi SUD Éducation 92 doit-il œuvrer auprès des autres syndicats SUD Éducation d’Ile-de-France
à la mise en place d’une organisation régionale efficace permettant notamment de mutualiser les
informations, les travaux et de parler d’une voix plus forte pour la défense des personnels TOS en
favorisant la convergence de leurs revendications et de leurs luttes.

5) Construire un syndicalisme militant et de transformation sociale

5.1 SUD Education 92 cherche à gagner à ses conceptions militantes les personnes liées aux
secteurs où il intervient. Cela demande que SUD Education 92 se développe et gagne de nouveauxelles
militant-e-s. SUD Éducation 92 milite ainsi pour développer les Heures Mensuelles
d’Information Syndicales (HMIS), même sur les lieux de travail où il n’a pas de militant-e-s. De
même SUD Education 92 milite pour le développement d’Assemblées Générales (AG)
interprofessionnelles. SUD Éducation 92 participe activement au développement de Solidaire 92
afin que la liaison militante interprofessionnelle se construise efficacement.

5.2 Le développement militant se fait le plus souvent à l’échelle locale. SUD Education 92 favorise
donc le développement de sections syndicales permettant aux militant-e-s d’un même lieu de travail
ou d’un même secteur géographique de se regrouper. Dans le même temps, SUD Éducation 92 a à
cœur de permettre à ses adhérent-e-s de devenir des militant-e-s impliqué-e-s dans leur secteur mais
aussi au-delà de leurs propres problèmes professionnels. Il doit donc les inviter à participer aux
activités et au travail de leur section et du syndicat, aux mobilisations diverses ainsi qu’aux AG et
notamment celles du syndicat, l’AG des adhérent-e-s en étant l’organe centrale et décisionnaire.

5.3 Nous sommes pour un syndicalisme de terrain, autogéré, qui a pour objectif que les collègues
prennent eux-mêmes et elles-mêmes leur sort en main de façon collective. Le syndicat favorise donc
en son sein la collégialité, l’implication de tou-te-s dans la vie du syndicat notamment par la rotation
des tâches et dans la représentation du syndicat dans les réunions internes (dans le syndicat, la
Fédération ou Solidaires) ainsi qu’à l’extérieur (AG interprofessionnelles, intersyndicales...
notamment à l’occasion des luttes). L’AG du syndicat attribue chaque année des décharges à certaine-
s de ses adhérent-es afin qu’ils puissent utiliser une partie de leur temps de travail pour prendre
en charge un certain nombre de tâches au sein du syndicat et militer. L’intervention militante de
terrain ou les tâches militantes ne leur sont pour autant pas réservées : SUD Éducation 92
recherche là aussi l’implication de tou-te-s et ses adhérent-e-s.

5.4 SUD Education 92 fédère des militants qui ne sont pas en accord sur tout. La recherche du
consensus militant doit être privilégiée. Notre lutte pour l’émancipation inclut la lutte contre tous les
systèmes hiérarchiques et passe aussi par des relations radicalement différentes, appropriées à
celles vers lesquelles nous souhaitons tendre pour l’ensemble de la société. Le consensus passe
d’abord par l’expression raisonnée d’opinions, d’orientations et de singularités qui peuvent être
divergentes et même contradictoires , puis par un débat approprié qui doit mener à la construction
de projets véritablement élaborés portés par tou-te-s et tendre vers l’action collective. Pour autant,
le consensus est un principe régulateur et non pas un principe catégorique. Il n’est donc pas
toujours et bien évidemment, l’expression de désaccords reste le droit le plus strict de tou.te.s
militant.e.s, que ce soit à titre individuel ou collectif.

5.5 La seule manière de ne pas s’adapter au jeu institutionnel est une implication la plus large
possible des collègues, et avant tout de tou-te-s les adhérent-e-s, dans les luttes mêmes partielles.
Cette implication doit être centrée vers nos objectifs fondamentaux, ce qui veut dire établir des
priorités et s’autoriser à refuser de mener des tâches militantes qui nous éloignent de ces objectifs
ou qui accapareraient trop d’énergie militante.

5.6 SUD Education 92 aide les personnels dans leur défense face à la hiérarchie. Mais nous
cherchons à lier la défense sur le plan juridique ou administratif avec la lutte collective. Non
seulement parce que c’est le but du syndicalisme tel que nous voulons le construire, mais aussi
parce que cela est plus pertinent. Il va de soi que lorsque nous défendons des collègues face à leur
hiérarchie nous sommes obligés de traiter leur cas en désignant souvent une personne responsable
du harcèlement qu’ils subissent. Mais ne pas mener une lutte globale et collective contre
l’organisation du travail qui génère forcément ce type de situation serait passer à côté du problème
et nous placerait alors dans un syndicalisme mou « de service ». Nous sommes là pour apporter
auprès de nos collègues une autre vision du rapport au travail. Se contenter de défendre nos acquis
ou de dénoncer l’autoritarisme de certain-e-s chefs serait réducteur et loin des attentes d’un
syndicalisme de transformation sociale.

SUD Education 92


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