Programme CLAIR une nouvelle escroquerie au nom de la « réussite des élèves »

samedi 4 décembre 2010
par  SUD Education 92

Depuis la rentrée, 105 établissements choisis parmi ceux « concentrant le plus de difficultés en matière de climat scolaire et de violence » dans dix académies expérimentent le programme CLAIR (collèges et lycées pour l’ambition, l’innovation et la réussite). Sous couvert de réformer l’éducation prioritaire, celui-ci transforme résolument nos conditions d’enseignement. Il s’agit d’instaurer un nouveau mode de gestion managérial et sécuritaire pour les élèves, mais aussi pour les personnels.

De l’éducation prioritaire à l’éducation sécuritaire

À l’image de la circulaire du 22 juillet, ceux qui essayent de nous vendre l’expérimentation CLAIR n’ont de cesse de nous répéter que son objectif est la réussite des élèves par un renforcement du suivi individuel. Comment les croire alors même que le gouvernement supprime des milliers de postes d’enseignants et de COP tous les ans, sans s’inquiéter des manques cruels qui peuvent apparaître ? Par exemple, pour le travail sur l’orientation que les COP, en voie de disparition, n’ont plus les moyens d’assurer...

Derrière ces déclarations de principe se cache une véritable volonté de fliquer les élèves et leurs parents, dans le droit fil du discours sécuritaire qui fait florès depuis des années. Quand on lit qu’« une attention particulière est apportée aux élèves dont l’attitude ne permet pas le bon déroulement de la scolarité et déroge aux règles de vie de l’établissement », on voit bien que le suivi individuel de l’élève consiste à évaluer le comportement et non à prévenir le décrochage. Oser nous proposer comme solution les Travaux d’Intérêt Général montre le niveau de cette expérimentation et le respect que ses groupies ont de nos élèves !

Les parents ne sont pas oubliés : le voile tombe peu à peu sur la mystérieuse « mallette des parents » : des enseignants volontaires ou désignés seront chargés d’animer avec les parents des « débats » qui dans la pratique ressemblent fort à des « formations » visant à développer les « compétences » des parents. Or, est-ce vraiment le rôle de l’Éducation nationale de former les parents et de s’immiscer dans l’éducation qu’ils donnent à leurs enfants ? La démarche normative sous-tendue par ces projets est inquiétante.

Mise au pas des personnels et expérimentations managériales

L’expérience phare du programme CLAIR, c’est surtout la remise en cause des droits des salariés des établissements concernés et de la liberté pédagogique des enseignants. La création du préfet des études, recruté parmi les enseignants et les CPE, n’est en fait que le rajout d’un échelon hiérarchique qui ne dit pas son nom. Après les « super-profs » de l’Ambition Réussite, on nous refait le coup du « collègue qui sait » : en réalité, il s’agit de personnes, aux pouvoirs très larges, tant au niveau pédagogique qu’en ce qui concerne la vie scolaire, et dont la prime (de 400 à 2400 euros par an) dépendra du bon vouloir du chef d’établissement : un sommet d’indépendance donc. En plus du rajout d’un échelon hiérarchique intermédiaire, le profilage à terme de tous les postes doit nous inquiéter. Car c’est bien le statut de fonctionnaire qui est ainsi menacé sous le prétexte fallacieux de la stabilisation des postes. Ainsi le chef d’établissement recrutera à terme tous ses enseignants et CPE qui s’engageront pour cinq ans par des lettres de mission basées sur le projet d’établissement. En plus de renforcer le pouvoir du chef d’établissement, cette mesure remet en cause la liberté pédagogique des enseignants et des personnels de vie scolaire. Petit à petit, c’est le mouvement qui va être bloqué et une question se pose : que fera-t-on des enseignants qui refuseront de signer les lettres de mission ?


Un élargissement du dispositif qu’il faut combattre

Les déclarations de Luc Chatel sont explicites : le programme CLAIR a vocation à être élargi dès la rentrée prochaine à tous les établissements bénéficiant d’un classement en éducation prioritaire. Or, le programme CLAIR n’offre aucun réel moyen supplémentaire en terme d’horaire ni de personnels : cette expérimentation répond avant tout à des objectifs budgétaires. Quand on entend de « hauts responsables » cités par Le Monde affirmer à propos des ZEP que « ça n’a jamais marché, la preuve : une fois qu’un établissement y est entré, il n’en sort jamais », on ne peut qu’être révolté. Le classement ZEP n’a jamais eu vocation à régler tous les problèmes économiques et sociaux qui restent les principaux facteurs d’échec scolaire.

Face à cette situation, il est urgent de lutter contre le programme CLAIR et de manifester notre refus d’une éducation sécuritaire et sans moyens qui s’appuie sur une mise au pas des personnels. Faire échouer les expérimentations ne suffira pas : il faut que cet échec se voie, et que le ministère soit obligé d’abandonner son projet. Il faut donc s’organiser dès maintenant à l’échelle des établissements, des académies mais aussi du pays pour affirmer notre refus de ce projet de régression sociale.


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