40 ans de mouvement féministe.

mercredi 31 mars 2010
par  SUD Education 92

Apparus longtemps déjà avant Mai 68, les
mouvements féministes ont pris de l’ampleur
entre les années 1960/70 aux Etats-
Unis, en Grande Bretagne, au Danemark,
aux Pays-Bas…Un peu plus tard en France
 : en 1970. En Espagne comme au Portugal
il faudra attendre le mouvement démocratique.
Le quarantième anniversaire de Mai 68 en
France a été l’occasion d’une polémique
entre Nicolas Sarkozy prônant la liquidation
de l’héritage de Mai 68 et les défenseurs de
cet héritage ; il semble cependant y avoir
consensus au sujet de l’émancipation des
femmes obtenue grâce aux luttes qu’elles
ont menées après Mai 68.

Ne nous y trompons pas, dans une société
où croît le masculinisme
cette vision apparaît
en « trompe l’oeil » il existe une contradiction
entre la reconnaissance affichée du rôle
positif du féminisme et la persistance d’un
antiféminisme séculaire. Comme si le féminisme
d’hier était le « bon » féminisme ;
alors que celui d’aujourd’hui est présenté
comme un danger pour les relations harmonieuses
entre les sexes. En réalité le féminisme
connaît un reflux dans tous les pays,
parfois violent comme aux Etats-Unis, plus
insidieux en France ; partout le « backlash »
s’exprime par le dénigrement des féministes.

Le bel Après Mai des femmes

C’est à la lumière de ce paradoxe qu’il faut
regarder le mouvement féministe ; héritier
de Mai 68, mouvement d’émancipation mais
aussi critique du gauchisme, remise en
cause du modèle révolutionnaire classique.
Avec Simone de Beauvoir s’affirme la
conscience d’une inégalité sociale entre les
sexes ; après Mai 68, dans des luttes collectives,
de style joyeux, provocateur, insolent
et spectaculaire s’affiche la volonté de « 
Changer la vie », de produire du bonheur
individuel, du bonheur général pour les deux
parties du genre humain.

« Tout est politique » entendait-on en 68, la
politique n’est pas un domaine séparé du
reste de la vie, ni l’affaire de professionnels
de la politique ; tout pouvait être remis en
question : la politique, les rapports sociaux,
mais aussi la vie quotidienne, la culture, la
philosophie de la vie…La démocratie ne se
concevait que directe, immédiate, excluant
toute idée de représentation. Cette conception
était aussi celle du MLF : « Le personnel
est aussi politique » c’est-à-dire que les
rapports privés, domestiques, affectifs et
sexuels sont aussi des rapports sociaux.
Marx, déjà disait que la libération viendrait
du changement des relations entre les
hommes et les femmes.

Partout les mouvements de femmes ont eu
des caractéristiques communes : Partir de
la base, animer des groupes de paroles,
développer une conscience collective… En
France, avec l’héritage révolutionnaire il a
pris une dimension plus radicale, plus politique.
Mai 68 : Les femmes sont partout !
Personne n’en parle ! La direction du mouvement
est prise par les hommes, les
femmes n’en sont que des porte-drapeaux.

La contestation de l’ordre établi par les
hommes se manifestait aussi par la critique
des organisations de gauche. Celles-ci
reproduisant en leur sein délégation de pouvoir,
hiérarchie, division sexuelle du travail,
supériorité de déclarés spécialistes-théoriciens
sur celles et ceux qui subissent l’oppression
« Nous sommes les opprimées,
vous êtes les oppresseurs ! »
Pour l’essentiel, les femmes du mouvement
viennent des groupes militants, lasses des
allers-retours entre cafetière et ronéo ; en
mai-juin 1970, à l’université de Vincennes
elles décident de se réunir seules, transgression
 ! Rébellion ! Les leaders : des
hommes le prennent très mal : « Mal baisées
 ! » « A qui la faute ? » leur est-il
répondu.
La perspective était radicale : Il ne s’agissait
pas seulement d’améliorer la condition féminine
 ; mais de changer la société reconnue
comme se reposant sur l’oppression et l’exploitation
des femmes.

Si la Loi Veil reste la plus connue des victoires
des luttes féministes, il ne faut pas
oublier l’importance de ces luttes sur la
législation : le viol est reconnu comme
crime, l’inceste prohibé, les violences
conjugales dénoncées tout comme l’enfermement
et l’exploitation des femmes au
sein des familles.

Le regard sur le travail des femmes change,
le regard des femmes sur leur travail aussi,
toutes ces questions soulevées ont été
entendues par beaucoup de femmes.
Au départ, les relations avec les syndicats
furent tendues, les revendications féministes
refusées, rejetées. Parfois violemment,
comme en 1976 quand la CGT interdit
aux féministes de prendre place dans le
cortège du 1 Mai, qu’elle interdit la parution
d’ "Antoinette » : petit bulletin de femmes.
De façon plus pernicieuse à la CFDT qui
renvoie ces questions à la responsabilité
des syndicats d’entreprises.
Aujourd’hui encore ces questions ne sont
pas ou peu prises en compte dans la
réflexion générale, reléguées dans des
commissions dont la parité n’existe que sur
le papier, dont les rapports ne sont trop souvent
lus que s’il y a le temps… Alors que
les rapports sociaux de sexe devraient
concerner toutes et tous, c’est au quotidien
qu’il faut « genrer » les questions.

Depuis toujours les valeurs du féminisme
sont au cœur du désir de transformation
sociale, affirmons, réaffirmons les dans l’immense
chantier de reconscientisation politique
qui s’ouvre à nous.

Nous aurions souhaité l’image des femmes
profondément et durablement transformée,
tendre vers un nouveau modèle familial et
sexuel, vers plus de partage et d’égalité. Il
n’en est rien ou presque, le patriarcat sévit
toujours !

Osons le féminisme !


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