FICHE RETRAITES N°3 : Le Financement

vendredi 11 juin 2010
par  SUD Education 92

« Retraites : sans réforme, le déficit cumulé attendrait 2600 milliards d’euros en 2050. »

C’était la une du Monde.fr le 13 avril dernier, analysant, à la veille de sa publication, le nouveau rapport du C.O.R1. Même titre repris en boucle sur France Info ce même jour ainsi que dans tous les médias ’grand public’.

2600 milliards d’euros !?!

Même quand on n’est pas habitué à manier les données macro-économiques, cette somme donne le vertige.

Et conduit à la résignation : ’si on en est là, alors, il va bien falloir accepter de travailler plus longtemps ( C.O.R:Conseil d’Orientation des retraites, composé de parlementaires, de syndicalistes et de représentants du patronat) !

Sauf que ce chiffre n’apparaît à aucun moment dans le rapport du C.O.R ! Et pour cause car dans le corps (!) de l’article, on apprend que ces 2600 milliards proviennent d’une « source gouvernementale » !!!

Ensuite, il est mis en ’une’ sans aucune relativisation (en dehors du conditionnel ’atteindrait’) alors qu’il s’agit de projections à l’horizon 2050 de la part d’un organisme, le C.O.R, qui publie un nouveau rapport pour actualiser celui de 2007 et prendre en compte la crise qu’il n’avait pas prévue trois ans auparavant !! Enfin, il introduit un nouveau concept : le déficit cumulé !

Prenons maintenant notre calculette :

Le PIB de la France c’est à dire la mesure des richesses produites chaque année dans notre pays s’élève à 1950 milliards d’euros ( INSEE ; 2008). Ce ’déficit cumulé’ est, en fait, l’addition des déficits des régimes de retraite estimés par le C.O.R entre 2010 et 2050 soit sur 40 ans ! Même à supposer que notre économie stagnera sur cette période (croissance zéro pendant 40 ans ; hypothèse absurde que même les plus pessimistes n’avancent pas mais qui simplifie notre calcul), on obtient 1950 x 40 = 78 000 milliards !

Si maintenant, on rapporte nos 2600 milliards de « déficits cumulés » à ces 78000 milliards de « richesse cumulée », on arrive à un ratio de... 3,33% ! ça fait tout de suite moins peur, non ?

Qu’est-ce que c’est que 3,33% de la richesse nationale (PIB) ? En comparaison, le déficit du budget de l’état en 2009 (145 milliards) représentait 7,5% du PIB. Ce que le gouvernement a apporté aux banques l’an passé (pas les 320 milliards de prêts _ 16,5% de la richesse nationale _ mais bien les 40 milliards de fonds propres apportés par l’état aux banquiers en détresse) : 2,05% !

Est-ce vraiment insensé de dire qu’on va affecter cette part des richesses aux retraites ?

D’autant que personne n’imagine que notre économie va stagner. On estime généralement que dans les 40 ans à venir, le PIB va quasi-mécaniquement doubler. En 2050, nous aurons donc 1900 milliards de revenus de plus qu’aujourd’hui à nous partager (le C.O.R table sur un PIB de plus de 3800 milliards en 2050).

A cette même date, le déficit annuel des régimes de retraites prévu dans le pire des trois scénarios échafaudés par le C.O.R (même si on sait ce que ça relève un peu de la boule de cristal) serait de 115 milliards. Ne peut-on pas consacrer 115 milliards soit 6% de ces revenus supplémentaires (ou 3% de la richesse totale) à nos retraites ?!?

Rapporter tout ça à la richesse produite revient donc à poser le problème des retraites en termes de ré-par-ti-tion des richesses !

Voici quelques pistes pour financer durablement (à la différence des réformes successives, Balladur 1993, Fillon 2003, etc.) nos retraites (voir au verso).

2010 : Battons-nous pour nos retraites !

Il suffirait donc pour résoudre le ’problème des retraites’ de distribuer la richesse future différemment de la manière dont elle est _ inégalement _ répartie aujourd’hui. Mais la croissance à venir est chose incertaine et il nous faut aussi tenir compte du fait que les grands équilibres planétaires nous contraindront sans doute bientôt à renoncer à cette course effrénée à la croissance sans conscience ; bref, si l’on ne peut ni ne veut augmenter le gâteau, voyons donc comment mieux le partager :

Une nouvelle répartition au profit …. des salaires

Il y a un très bon indicateur pour mesurer la répartition de la richesse (que les experts et économistes médiatiques utilisent peu car il fait entendre une réalité qu’ils cherchent à dissimuler) : c’est le partage de la valeur ajoutée. La valeur ajoutée, c’ est la richesse produite et elle se répartit entre salaires (directs et indirects) et profits. Depuis 1982, ce sont 8 points de PIB qui sont allés des salaires vers les profits, 8% pris dans la poche des salariés pour gonfler les profits. C’est énorme ! 8% du PIB, cela représente aujourd’hui plus de 150 milliards d’euros soit 15 fois le déficit 2008 du régime des retraites (10 milliards). Dans la distribution même de ces profits, on constate que la part consacrée aux dividendes (plutôt qu’à l’investissement par exemple) a plus que doublé en 25 ans ce qui représente « sept à huit fois plus que le déficit de tous les régimes de retraites enregistré en 20083. » En d’autres termes, avec un découpage plus équitable du gâteau, comme celui d’il y a 30 ans, on pourrait non seulement financer les retraites actuelles mais revenir sur les contre-réformes précédentes tout en augmentant les pensions !

Augmenter les cotisations

Même si l’on prend la plus défavorable des trois projections du C.O.R, financer les déséquilibres des retraites jusqu’en 2050 par une hausse des cotisations amènerait à augmenter celles-ci de 10,4 points ( C.O.R huitième rapport avril 2010 p 88). Lissée sur 40 ans, cette hausse ne représenterait que 0,26 point de cotisation supplémentaire par an. Et si l’on voulait revenir sur toutes les contre-réformes depuis 1993 (37,5 annuités de cotisation public comme privé, indexation des retraites sur les salaires, etc.), cela nécessiterait une augmentation de 15 points sur 40 ans soit 0,375 annuellement ! Pourtant, le gouvernement continue à exclure toute hausse des cotisations _ comprenez des cotisations patronales . Il dit rejeter tout aussi véhémentement la solution ’baisse des pensions’ (alors que les contre-réformes de ces vingt dernières années les ont fait chuter en moyenne de 15 à 20%) pour n’actionner que le levier de la durée du travail (augmentation de la durée de cotisation ou/et recul de l’âge légal de départ en retraite), la seule option possible dit-il...

Supprimer les exonérations

Les exonérations de ce que le patronat appelle ’charges sociales’ qui sont en fait du salaire indirect représentaient en 2006 plus de 23 milliards d’euros ( La Cour des comptes fustige les exonérations de charges sociales. L’expansion.fr 29/08/2006). Ces sommes auparavant versées par les entreprises aux différentes caisses (sécu, assurance chômage) devaient être prises en charge par l’état. Autrement dit, les employeurs ont réussi à faire payer une partie de leur contribution par le budget de la nation c’est à dire par l’impôt autrement dit nous tous. Sauf que l’état, d’après la cour des comptes dans son rapport de 2006 est loin de compenser intégralement ce cadeau au patronat, ce qui creuse les déficits des différentes caisses notamment de la sécu dont celle des retraites ! Tout ça d’après ce même rapport pour une « efficacité quantitative incertaine. » 23 milliards, c’est tout juste le déficit de la sécu (retraites comprises) pour 2009.
Si l’on supprimait ces exonérations, il n’y aurait plus de déficit des comptes sociaux dont on n’arrête pas de nous dire qu’ils sont abyssaux... Rien que le fait d’appliquer aux revenus financiers le même taux de cotisation que les salaires rapporterait 8,7 milliards d’euros3. On pourrait évoquer aussi les niches fiscales : 75 milliards d’euros, près de 7 fois le déficit des retraites de 2008....

De l’argent, il y en a donc largement assez pour financer les retraites, revenir sur les contre-réformes qui ont frappé les retraites et la sécu dans son ensemble, développer les services publics, etc.

Pour l’obtenir, reprendre notre part du gâteau, regagner ce que nous, salariés, avons collectivement perdu depuis le début des années 80, il faut inverser le rapport de force et ça, ça se fait notamment par la grève et la manifestation. Vous trouvez que ça fait un peu trop ’lutte des classes’ comme propos ? « Il y a bien une guerre des classe et c’est ma classe, les riches, qui la mène et qui est en train de gagner. »
Qui dit cela ? Le roi de la finance, idole de Wall Street et 3ème fortune mondiale :
Warren Buffet ( New York Times, 26/11/2006)...

2010 : BATTONS-NOUS POUR NOS RETRAITES !


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