Oui à une urgence sanitaire mais NON à une « stratégie du choc » liberticide !

vendredi 17 avril 2020
par  SUD Education 92

SUD Education 92 s’indigne de certaines mesures inscrites dans la loi d’urgence sanitaire votée par un parlement réduit le 22 mars et publiée le lendemain (LOI n° 2020-290 du 23 mars 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19). Elle permet au gouvernement de prendre des mesures par ordonnance (spécialité de Macron !), ce qu’il s’est empressé de faire dès le 25 mars (25 ordonnances décrétées à cette date !). Nous sommes pour mettre en œuvre tous les moyens disponibles pour enrayer cette pandémie ; nous exhortons d’ailleurs chacun-e à rester chez soi et à respecter le confinement. Mais nous n’acceptons pas que le gouvernement en profite pour passer des mesures qui vont encore réduire nos conquis sociaux en termes de droit du travail. L’ « Union sacrée » , c’est par le biais des solidarités qui se mettent en place et non au profit du gouvernement ou du MEDEF afin qu’ils appliquent de façon cynique leur politique de casse sociale. 

Nous accusons le pouvoir d’irresponsabilité criminelle pour n’avoir pas répondu aux revendications des hospitalier-e-s depuis de longs mois, pour avoir laissé les personnels de santé et toute la population sans les outils de protection élémentaires : gel, masques, tests... Nous accusons le pouvoir de choyer le MEDEF à coups de milliards, de profiter sournoisement de l’alibi de l’épidémie pour s’attaquer aux libertés, pour accroitre la répression et les violences policières et judiciaires, d’ouvrir la voie, à coups d’ordonnances, à une dictature policière et militaire. Comme d’habitude les violences étatiques frappent les plus pauvres et les plus vulnérables : quartiers populaires, prisonnier-e-s, centres de retentions, migrant-e-s, SDF, etc.
Nous comprenons que des mutineries puissent éclater et nous appelons toutes les forces du mouvement social à se mobiliser pour forcer les décideur-se-s à prendre à bras le corps la question des prisons, mais aussi des sans-papiers via les CRA (centres de rétention administrative). D’ailleurs des mesures touchant à la justice et au droit des prévenu-e-s nous inquiètent aussi. 

Sous prétexte de soutenir les entreprises (idéologie de la croissance sans fin) qui subiront de plein fouet cette crise sanitaire, Macron sur présentation d’une proposition de Muriel Pénicaud a décrété l’ordonnance n°2020-323 qui permet à l’employeur : 

  • de décider de la prise de jours de congés payés acquis par un-e salarié-e, y compris avant l’ouverture de la période au cours de laquelle ils ont normalement vocation à être pris, ou à modifier unilatéralement les dates de prise de congés payés. (article 1),
  • de fractionner les congés sans être tenu de recueillir l’accord du salarié et à fixer les dates des congés sans être tenu d’accorder un congé simultané à des conjoint.e.s ou des partenaires lié.e.s par un pacte civil de solidarité travaillant dans son entreprise (article 1),
  • d’imposer la prise, à des dates déterminées par lui, de jours de repos au choix du ou de la salarié-e acquis par ce ou cette dernier-e (article 2),
  • de modifier unilatéralement les dates de prise de jours de repos (article 2),
  • d’augmenter la durée quotidienne maximale de travail, jusqu’à douze heures (contre 10 dans le code du travail) (article 6),
  • de réduire la durée du repos quotidien, jusqu’à neuf heures consécutives (contre 11 dans le code du travail) (article 6),
  • d’augmenter la durée hebdomadaire maximale, jusqu’à soixante heures (contre 48 dans le code du travail) (article 6).

Dans l’Education, cela peut se traduire par une diminution des vacances scolaires d’été.

La loi prévoit une durée de 2 mois pour l’état d’urgence sanitaire, mais qui pourra être prorogée par une nouvelle loi (article 4). Surtout, sa capacité à prendre des ordonnances en matière économique et sociale a été portée à 3 mois, soit au-delà de la durée légale de l’état d’urgence sanitaire ! (article 11). De la part de ce gouvernement, cela ne peut-être qu’une aubaine qui lui est offerte par cette situation de crise exceptionnelle qui met en état de choc l’ensemble de la société.

Nous nous opposons fortement à l’utilisation de cette crise sanitaire, qui aurait pu être enrayée bien plus vite aux dires de l’ancienne ministre de la santé, pour appliquer une politique antisociale au nom de l’idéologie de la croissance, qui ne reflète en rien la réalité économique de la population, comme le montrent de nombreux-ses économistes, comme Frédéric Lordon, Jean Gadrey ou des associations comme ATTAC.
Cette pandémie nous montre une fois de plus que le système capitaliste, que nous combattons, n’est pas viable car chaque crise (comme celle de 2008) montre ses faiblesses qui rejaillissent sur l’ensemble de la population laborieuse qui en paie déjà les frais au quotidien du fait de l’exploitation par le travail et la consommation que cela induit. 

Cela fait des dizaines d’années que l’hôpital public est démantelé : pour 2018, 1184 suppressions de postes en ETP (5 000 à venir pour 2024), 4 200 suppressions de lits, tarification à l’acte. Le personnel soignant ne cesse de se battre, de crier haut et fort sa détresse face à des conditions de travail et de soin inhumaines et dégradantes. Avec cette crise sanitaire, les soignant-e-s, la mort dans l’âme en sont à hiérarchiser et à prioriser les malades du COVID-19. Le collectif inter-urgences et le collectif inter-hospitaliers, mobilisés depuis 1 an dans l’indifférence du gouvernement doivent obtenir satisfaction sur toutes leurs revendications et tout de suite. La priorité doit être donnée à l’humain sur le profit et pas que dans les discours. 
Nous dénonçons les conditions d’exercice dans les établissements scolaires en période de confinement (manque de protection, échanges de documents de main en main avec les familles...), ainsi que le maintien de secteurs d’activité non essentiels à la gestion du pays en période d’épidémie, comme Amazon France et bien d’autres, qui peuvent ainsi continuer à faire travailler leurs salarié-e-s au mépris de toute sécurité et sans les moyens de protection indispensables.
Nous rappelons aux travailleur-se-s l’existence de la procédure de droit de retrait donc voici le détail : https://www.sudeducation.org/Droit-de-retrait-Covid-19-modele-de-depot.html.  Les syndicats Fonction Publique de Solidaires et de la CGT ont déposé un préavis de grève pour le mois d’avril pour permettre aux agent-e-s envoyé-e-s au travail sans protection de se défendre pour protéger leur santé et celle de leurs proches.

Dès l’éradication du virus, nous contribuerons, avec toutes les forces du mouvement social (syndicats, Gilets jaunes, assemblées générales de grève), à relancer la mobilisation pour nos services publics en général et notamment pour la sauvegarde d’un hôpital public de qualité, contre la retraite par points et contre la perte de conquis sociaux. 

Pour SUD Education 92, un autre système de vie en société est à repenser et de toute urgence : pour une société libérée du capitalisme et de ses crises, d’un gouvernement dit « représentatif » qui ne représente que les intérêts des puissant-e-s, remplacé par une société basée sur les principes d’autogestion, d’entraide et de solidarité.  


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PDF - 964.3 kio

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