« La mutation sinon rien ! »

Le cri de colère d’enseignant-e-s qui se mobilisent
jeudi 6 juillet 2017
par  SUD Education 92

Une trentaine de personnes se sont rassemblées ce mercredi devant le Rectorat de Versailles afin de protester contre la décision du Recteur de n’accorder que 10 exeat par département en raison, nous dit-on, d’un déficit en personnel-les dans l’Académie. Sur 263 demandes officielles d’exeat (sans compter les collègues qui ne rentrent pas dans les clous de la circulaire ou qui ont arrêté de demander, donc non comptabilisés), cela fait trop peu !

SUD Education 92 dénonce ce scandale qui oblige les enseignant-e-s du département à rester enfermé-es dans le 92 alors qu’une famille, une situation médicale qui nécessite un éloignement de la région ou tout simplement une envie ou un projet de vie les appellent ailleurs... L’Education Nationale montre qu’elle est une administration froide, comptable, rétive à la protection individuelle de ses agent-e-s. Car ce sont des situations de désespérance que les collègues nous racontent. Une détresse qui conduit nombre de collègues à demander une disponibilité, un temps partiel (pas toujours accepté), voire à démissionner pour quelques-un-e-s.

Si la mobilisation a éclos dans le 92 alors que la situation est similaire dans les autres départements, c’est qu’on assiste à un mouvement d’ampleur inédite. En effet, en parallèle de l’appel intersyndical SUD Education/CGT Educ’action/SNUDI-FO/SNUIPP-FSU/SE-UNSA, des collègues directement concerné-es par un refus d’exeat (bien souvent depuis de nombreuses années) se sont rencontré-es et ont organisé des actions, créé une page Facebook (« Enseignants en colère : la mutation sinon rien »). L’occupation des locaux de l’IEN de Gennevilliers le 30 juin a permis de mettre en lumière la situation et d’obtenir un rendez-vous pour le jour même à la DSDEN. Quant au rassemblement du 5 juillet devant le Rectorat, il a permis d’obtenir une audience avec un membre du cabinet du Recteur ainsi que l’IEN-adjointe à la DASEN, audience qui avait été par deux fois refusée par le recteur.

C’est donc à un mépris institutionnel que nous faisons face. Non contente de ne pas recevoir les organisations syndicales qui luttent auprès des collègues, c’est un refus de recevoir les collègues elles-mêmes ce mercredi (seul-e-s les représentant-e-s syndicaux-ales ont été reçu-e-s) qui montre à quel point l’administration est gênée de voir les collègues s’auto-organiser. Pendant l’audience intersyndicale, un die-in a été effectué et des slogans entendus de la salle d’audience ont ponctué les interventions syndicales devant les représentant-e-s du Rectorat.

A SUD Education, nous réagissons avec enthousiasme au fait de voir les collègues autogérer leur lutte. Selon nous, les syndicats servent à accompagner les luttes, en aucun cas à les diriger. Nous soutenons et continuerons à soutenir toutes les luttes dans l’Education Nationale qui vont dans le sens de l’amélioration des conditions de travail pour les collègues, enseignant-e-s ou non, et pour les élèves.

Le représentant SUD Education a rappelé lors de l’audience que le mouvement allait se poursuivre, que ce rassemblement n’était qu’un point de départ. Les collègues sont motivé-e-s et rien ne pourra arrêter des personnes qui veulent tout simplement vivre et travailler ailleurs. Les arguments rectoraux affirmant qu’il faut un-e enseignant-e devant chaque classe à la rentrée n’y suffiront pas : qu’en est-il lorsque les collègues sont obligé-e-s de demander une dispo, un temps partiel ou de démissionner ? Pourquoi conserver dans le département des collègues qui ne sont de toute façon plus devant une classe parce que leur vie est ailleurs ?

Le manque d’attractivité du métier, autre raison invoquée par le Rectorat, vient aussi de ces difficultés de mutations dans le 92 (3ème département en terme de refus d’exeat à l’échelle nationale). Ceci couplé à des salaires faibles pour une qualification Master 2, avec un indice longtemps gelé, le PPCR qui n’augmente que très peu le point d’indice et qui met en place de nouvelles modalités d’évaluation des enseignant-e-s calquant celle-ci sur l’évaluation dans le privé, à rebours d’une évaluation par les pairs, formative que prône SUD Education). Quant à l’afflux massif de contractuel-le-s (dont se félicitait le représentant du Recteur à l’audience), 725 candidatures, bien que comblant quelques trous, il ne fera que précariser davantage le métier, allant vers la tendance vécue à la Poste de voir davantage d’agent-e-s contractuel-le-s que titulaires dans les bureaux.

SUD Education 92 revendique le départ de tou-te-s les collègues qui ont fait une demande d’EXEAT . Nous ne sommes pas responsables du manque d’attractivité du métier. De toute façon, la mobilisation se poursuivra car l’administration se heurte à la détermination d’enseignant-e-s qui se battent pour vivre et travailler où elles veulent.

SUD Education 92 continuera de lutter auprès des collègues et contribuera à étendre la mobilisation à l’échelle académique puis nationale dès cet été pour des mobilisations dès la rentrée.

SUD Education 92 appelle a construire un mouvement national d’ampleur et sur la durée afin que les règles du mouvement inter-départemental soient revues, à partir de l’analyse que font les enseignant-e-s de leur propre situation.


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