Lycées : trois rapports à haut risque

jeudi 10 septembre 2009
par  SUD Education 92

La réforme du lycée entrera en vigueur à la rentrée 2010, très probablement sur la base des deux rapports Descoings et Apparu, mais aussi des préconisation de la commission Pochard. Si l’organisation pédagogique apparaît toujours aussi imprécise, les finalités politiques demeurent, elles, très claires : diminuer la dépense publique, favoriser l’autonomie des établissements, redéfinir le métier et le service des enseignants.

DESCOINGS

Avec le directeur de Sciences Po nous étions censés
oublier les bricolages de Darcos et “repartir de zéro !”.

Ses Préconisations sur la réforme du lycée semblent
effectivement plus cohérentes et consensuelles que le
projet initial de Darcos. Il écarte a priori l’idée d’une
semestrialisation, part du principe d’une réforme menée
dans la consultation et le dialogue, et invite à mieux
accompagner l’orientation des élèves, à rééquilibrer les
voies (générale et technologique) et les séries
(notamment S et L), à repenser les enseignements ainsi
que les emplois du temps.

Mais dans l’ensemble les préconisations de Descoings
restent toujours indexées à une rhétorique probabiliste,
individualiste et méritocratique de l’égalité des chances.

Surtout elles se présentent comme n’étant qu’une
première étape, avant la refondation du lycée qui sera
pour après 2010. Elles contournent deux questions
décisives : celle des moyens budgétaires et par
conséquent des suppressions de postes, et celle, corrélée,
de la redéfinition du métier d’enseignant, certes évoquée
par le rapport, mais à vrai dire déjà davantage engagée
par le très polémique rapport Pochard.

Réformer : à quelles conditions ?

A y regarder de près, toutes ces réformes envisagées
esquissent moins un projet éducatif qu’elles ne comptent
sur l’orientation précoce, la mise en concurrence des
établissements, l’individualistaion des traitements,
l’autonomie budgétaire et la manie de l’évaluation pour
soumettre le service public d’éducation à la rationnalité
économique de la sphère marchande.

De la même manière que pour les hôpitaux ou les
universités, il s’agit de gérer les établissements
secondaires comme des entreprises privées, de les
intégrer à une logique de compétitivité et de concurrence.
Comme si la santé, la recherche et l’éducation devaient
avoir tous les attributs d’un marché ! Ou les obtenir dès
lors que l’on soumettrait les personnels à une relation
salariale identique à celle des salariés du privé.

A SUD Education, nous ne pouvons pas envisager de
discuter d’une quelconque réforme sous les conditions
d’une telle chappe idéologique. Une véritable réforme du
lycée est nécessaire mais, a minima, elle n’est pas
possible : sans revenir sur la politique de suppression de
postes ; si elle ne s’articule pas de façon claire et précise
sur les autres cycles ; si elle ne s’interroge pas sur les
contenus et les méthodes d’enseignements ; si elle ne se
fonde pas sur une politique d’ensemble pour combattre
les inégalités.

APPARU... ET POCHARD

Apparu rappelle justement les principes d’une refondation du lycée et
indique clairement qu’elle devra se faire à « coût constant ». Traduisez :
de manière à éponger la suppression des 80 000 postes, exigée par la
RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques).

Dans les grandes lignes, les propositions Apparu reprennent le premier
projet Darcos (par exemple, le triptyque tronc commun/exploration/
accompagnement) ou vont même un peu plus loin (par exemple avec
l’instauration d’un contrôle continu). Quant à l’idée d’une réorganisation
de la scolarité autour de trois blocs (de la maternelle au collège, du lycée à
la licence, le master), elle reste très lourde de menaces. Il est d’ailleurs
significatif qu’il n’y ait pas un mot, dans le rapport, sur les lycées
professionnels. Par contre on se propose de renforcer la place des classes
préparatoires et des grandes écoles, sans curieusement s’inquiéter de leur
coût.

Sur le fond, on retrouve les grands axes de la rationalité politique
néolibérale du fameux Livret Vert de la commission Pochard (février
2008) sur l’« évolution du métier d’enseignant » :

Respect de la contrainte budgétaire

Apparu reconduit l’idée d’une réduction de l’horaire hebdomadaire des élèves (« 35h TTC », soit 30h de
cours) puisque « 1h de cours supprimée c’est à peu près 1000 postes en moins
 », et par la diminution par deux des redoublements puisque ceux-ci
« coûtent chers ».

Modification du métier et des services

Afin d’éviter ces redoublements,
Apparu propose sans rire un « sas de rattrapage » de deux semaines
pendant les vacances d’été, qui seront par ailleurs réduites d’autant. De
même, il propose des stages de réorientation pendant les vacances de
février. L’aide à l’orientation (de plus en plus précoce) ou au devoir, l’aide
individualisée ou l’accompagnement seront ainsi les nouvelles activités
incluses dans le service des enseignants, du moins pour les certifiés, « car, pour les professeurs agrégés leurs missions devraient être redéfinies en liaison avec leurs activités dans l’enseignement supérieur
 », par exemple,
«  ». Mais
en attendant Apparu prévoit un alourdissement de leur service de 2
heures : « Cependant, dans un premier temps, leur service pourrait comprendre quatorze heures d’enseignement par semaine et trois heures d’accompagnement
 ».

Le renforcement de l’autonomie des établissements

Elle devrait
concerner les trois heures d’accompagnement hebdomadaires, mais aussi
les heures d’enseignement afin que les établissements puissent « bâtir une offre disciplinaire adaptée à leur public scolaire
 ».

Cette politique
d’autonomie s’inscrit aussi dans une culture de l’évaluation qui se soumet
aussi bien les élèves que les personnels. Des mesures incitatives sont donc
prévues, non seulement pour la gestion de carrière des chefs
d’établissement, mais aussi pour les enseignants. La rémunération au
mérite, le recrutement par le chef d’établissement, étaient déjà dans le
rapport Pochard. Il s’agit de s’attaquer aux règles statutaires pour leur
substituer un lien contractuel entre l’enseignant et son établissement.


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PDF - 118.9 kio

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